La Vazimba Rangita
instaure la dynastie merina
L'histoire vazimba est si imprécise qu'il y a de quoi
se poser des questions. Pour le jésuite François
Callet, les Vazimba
sont d'abord une race côtière d'immigrants établis
principalement dans la baie d'Antongil. Lorsque leurs voisins
s'inquiètent de leur accroissement et de leur évolution,
ils les pourchassent et la plupart s'infiltrent, en ordre dispersé,
dans le centre montagneux de l'île entre les Xe et XIIIe
siècles, perdant ainsi leur cohésion et jusqu'à
leur nom ethnique. Chaque clan cherche le meilleur site où
s'installer et reprend peu à peu ses habitudes sédentaires,
devenant indépendant et obéissant à son chef
à la fois naturel et religieux. Ils occupent ainsi le pays
limité par le
massif de l'Ankaratra au Sud, l'Ikopa à l'Ouest et
la grande forêt de l'Est.
De cette période, on ne retient que quelques noms. Tel
celui de Rapeto, célèbre géant originaire
d'Ambohidrapeto qui est passé dans la légende
et qui a de sa femme Rasoalao deux filles, Rasoasolondrainy et
Rangorimanana.
Quelques générations plus tard, l'histoire retrouve
un clan établi à Ampandrana
instaurer le principe du droit d'aînesse. Ce qui prépare
le regroupement des Vazimba
qui donnera la dynastie régnante de l'Imerina: les cadets
s'effaceront devant le premier-né (Fanjakana ifanaovana)
mais conserveront une seigneurie.
C'est surtout à partir du XVIe siècle que l'on arrive
à retracer l'histoire des Vazimba sur laquelle plusieurs
historiens s'accordent, avec Rafohy
qui règnera à
Imerimanjaka. Elle laisse le trône à sa fille
Rangita (1530-1540) qui institue l'organisation monarchique des
Vazimba avec le « Fanjakana arindra », marquant ainsi
une nouvelle étape de l'acheminement des Vazimba vers l'unité
ethnique. Comme Rangita a deux fils, avant de mourir elle désigne
son successeur en ces termes: «
Andriamanelo aura le jeudi et Andriamananitany
le vendredi ». Autrement dit, Andriamanelo, seigneur d'Alasora,
succèdera à sa mère et transmettra ultérieurement
le pouvoir à son cadet.
L'écho de ce regroupement ne manque pas de se répandre
parmi les races côtières qui ayant oublié
ceux qu'elles ont chassés, appellent les Vazimba les Tankova
ou Hova, le peuple du Centre. Terme qui apparaît pour la
première fois dans les documents relatifs au règne
d'Andriamanelo.
Fort de l'institution du « Fanjakana arindra », celui-ci
entreprend d'éliminer d'autres roitelets pour prendre leur
place.
En 1575, son fils Ralambo
né à Betafo-Ambohimangakely monte sur le trône
d'Alasora. C'est
sous son règne que l'usage
du fusil est introduit en Imerina, ce qui lui vaut d'être
le roi-au-bâton-qui-crache-le-feu. Il poursuit l'œuvre
de son père en mettant en déroute d'autres roitelets
vazimba, notamment celui d'
Imerinkasinina. Et pour affermir davantage son prestige, il
transfère sa capitale à Ambohidrabiby.
À sa mort (1610), ses États s'étendent de
l'Ikopa aux forêts de l'Est, hormis Analamanga qui est l'objet
de la convoitise de son successeur, Andrianjaka.
Ce dernier (1610-1630) obtient la succession du trône bien
qu'il soit le fils cadet de Ralambo. Siégeant tantôt
à Alasora tantôt à Ambohidrabiby, le cinquième
roi connu de l'Imerina depuis Rafohy décide de faire sa
capitale de la belle et grande colline située à
mi-chemin des deux citadelles. En ce temps-là, c'est le
Vazimba Andriampirokana,
grand ancêtre des Antehiroka actuels qui en est le seigneur.
La campagne d'Andrianjaka se déroule facilement et loin
de maltraiter le chef déchu, il l'élève ainsi
que sa famille et ses descendants au rang des cérémoniaires
royaux. Quant à ses deux fils Ratsimandafika et Andriambodilova,
craignant qu'ils ne soulèvent le peuple « vazimba
», il leur donne à chacun une seigneurie: Manjakaray-Amboniloha
au premier, Anosisoa-Ambohimanarina au second.
Sur cette colline,
Andriambodilova fait creuser un fossé rond à
l'intérieur duquel il se construit une case où il
vit avec sa femme
Ranoro, fille d'Andriantsira dont il se sépare dans
des circonstances entourées de légendes. Pendant
longtemps, l'emplacement de cette case reste le lieu d'un culte
fétichiste en mémoire de l'héritier direct
des anciens rois vazimba d'Analamanga. Jusqu'en 1869, les souverains
d'Antananarivo y sacrifient annuellement un bœuf «
volavita ». Et pas un Andriana ni un Hova ne passerait à
proximité sans descendre de son palanquin.
Journal Express Pela Ravalitera
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