Alasora,également nommée "Aînée
du pays et Origine des rois",est un des plus anciens villages de
l'Imerina.
Elle a été fondée par le prince Ramasimparihy en 1490.Le souverain
de Merimanjaka,Rangita (1500-1520),et son frère Andrianamponga II,lui
ont donné le nom d'Alasora.
A sa mort, la fille de Rangita,Rafohy (1520-1540) ,décida de déplacer
la capitale de sa seigneurie de Merimanjaka à Alasora et s'y installa
définitivement.
Né en 1540 à Imerimanjaka
Décédé en 1575 à Alasora à l'âge de 35 ans
Andriamanelo fut, dit-on, le premier roi qui utilisa
le fer en matière d'armement. Il jeta les bases de la politique
d'expansion du royaume merina en prenant pour épouse la fille
de son puissant voisin le roi Rabiby d'Ambohidrabiby, près d'Ambohimanga
au nord-est d'Antananarivo. A l'intention de son fils Ralambo
et de tous les rois merinas qui se succèderont, il édicta les
règles de succession de la dynastie par le biais du mariage. Ainsi,
il recommanda à Ralambo d'épouser Ratsitohinina, petite-fille
de son frère Andriamananitany qu'il fit pourtant périr.
Il fit épouser sa soeur Rafotsindrindra Rasoavimbahoaka par un
autre valeureux A personnage dénommé Andriandranando qui contribua
à l'agrandissement du royaume et à la consolidation de son règne.
Andriantompokoindrindra, Andriandranando, Andrianamboninolona
et les Zana-dRalambo amin'Andrianjaka furent les premières castes
"d'Andriana" (nobles) en plus des Zanak'Andriana (famille directe
du roi) et des Zazamarolahy (famille des frères et soeurs qui
ne règnent pas). Plus tard, il y eut Andriamasinavalona qui fit
de ses descendants la première des castes, et dont l'appellation
désigna aussi une distinction honorifique pour services rendus
au Royaume.
A la mort d'Andriamanelo et après le départ de
son fils Ralambo ayant transférée la capitale de
son royaume à Ambohitrabiby, dont sa mère fut originaire
d'autres princes se proclamèrent rois d'Alasora. Adriambonimera
fut parmi les plus connus. Son fils Andrianohara puis son petit-fils
Andrianavalonjafy lui succéda. Ce dernier fut vaincu par
Andrianampoinimerina qui prit sa fille Ramanantenasoa pour épouse.
Après la mort du grand monarque la seigneurie d'Alasora
revint en héritage à Rabodosahondra soeur de Radama
1°
Ce fut le roi Andriamanelo (1540-1575) fils ou petit-fils de
Rangita, qui acheva la construction du village. Il fit en premier
lieu creuser tout autrour de son palais un fossé de protection
,dit "hadivory",contre l'invasion des ennemis. Il doubla
celui-ci d'un autre fossé de diversion et de vigilance,dit "hadifetsy".
Il a en outre institué un seule accès au palais,le "vavahady",un
portail de pierre plate signalé par les "aviavy"(figuiers),arbres
symbolisant la royauté. Il a ainsi esquissé, sans le savoir,le
plan d'urbanisme et d'aménagement des résidences royales, adopté
plus tard en Imerina.
D'autre part, l'avènement d'Andriamanelo a marqué la fin du règne
des vazimba et le début de la dynastie des"Andriana".
De plus,on doit à ce souverain l'introduction de l'utilisation
du fer dans la fabrication de bêches et de sagaies,appelées alors
"fer volants",ainsi que de la circoncision,l'invention de la pirogue,du
fanorona et du rituel de l' "Alaondrana",permettant
le mariage de parents proches.
On retiendra aussi de ce riche passé d'Alasora la charge
qu'Andriamanelo confia à la caste des Velondraiamandreny
maîtres de cérémonie, ils leur revenaient
de veiller au strict respect du protocole royal, dans tous les
rites touchant la personne du roi, du Fandroana au Fanafenana
en passant par toutes les cervelières honorées de
la présence du souverain.
La garde du cachet royal et des clefs des appartements royaux
figurait aussi parmi les prérogatives des Velondraiamandreny
dont les charges se transmettaient de pères en fils et
sous réserve expresse que les parents du néophyte
fussent encore de ce monde.
Un siècle après,Andriamasimavalona(1675-1710) aménage les "Fasana
fito miandalana",où les rois et les membres de sa famille sont
inhumés, achevant ainsi l'aménagement de l'espace royal d'Alasora.
Il a également érigé la première pierre levée en Imerina,
la première retenue digue pour l'irrigation de la plaine d'Alasora,estimée
à 650 hectares. Alasora étais alors la capitale du Vakiniadina.
Le roi Andriamasinavalona quitta plus tard la colline pour conquérir
le A trône d'Antananarivo. D'ailleurs,ses sujets se rebelleront
contre lui à Ambohimanga,"village de la soumission",en 1785,quand
il tentera d'unifier ce royaume à ses conquêtes. Enfin,Alasora
devint une colline sacrée sous le règne d'Andranamapoinimerina,quand
il y plaça son épouse Ramanantenasoa.
Andriamanelo, roi d'Alasora
Au 16e siècle, Andriamanelo, transgressant les décisions de Rangita,
créa une nouvelle dynastie et posa les bases de l'ordre andriana
des siècles suivants : Alasora, au sud-est d'Ialamanga, l'actuelle
Antananarivo, allait ainsi devenir le berceau de la deuxième dynastie
et la source de la nouvelle andrianité. Ce d'autant plus facilement
qu'il était en position de réaliser la politique engagée depuis
Fanongoavana qui, pour développer ses exportations de riz à destination
de l'Afrique, recherchait des terres plus chaudes et plus étendues,
propices à une riziculture de masse. Car au sud et à l'ouest du
chaînon d'Ialamanga, sur des terres sur lesquelles ses ancêtres
lui avaient légué des droits, s'offrait le Betsimitatatra, qu'il
était en mesure de reprendre à ses occupants vazimba. Il y suffisait,
en héros civilisateur, de ne craindre ni les innovations ni les
transgressions que souvent elles supposent. Son règne, selon la
tradition, en fut riche. Mais, en les interprétant selon des modèles
qui ne convenaient pas, on n'en a pas toujours saisi la portée.
Marqué par une forte rupture avec la période précédente, l'avènement
d'Andriamanelo mit en difficulté bien des mpitantara peinant à
mémoriser convenablement une période charnière, où les anciens
principes furent discutés et où les changements ne furent pas
acceptés de façon unanime.C'est ainsi que Rangita et Rafohy pour
ne prendre qu'un exemple significatif sont présentées tantôt comme
deux sœurs, tantôt comme la mère et la fille, et que, dans les
deux cas, leur succession chronologique peut être inversée, sans
compter que des traditions attribuent à l'une les décisions qui
sont ailleurs attribuées à l'autre ou, plus souvent, aux deux.
Passant outre ces contradictions et bien d'autres encore telles
celles introduites par le fait de donner Rafohy pour un homme,
Andriampohy , nous avons pris le parti d'en remettre à plus tard
l'explication et adopté ici la tradition qui fait de Rangita la
mère d'Andriamanelo, en nous fondant principalement sur son nom
complet de Rangitatrimovavimanjaka enregistrant l'effectivité
de son règne.
L'héritage de Rangita et Rafohy
Généralement fixés, voire même donnés, après leur mort, les noms
des souverains ont toujours une signification historique. Ceux
de Rafohy et de Rangita indiquent bien la fin de la période des
princes vazimba et le début de leur abaissement. Car, s'il est
vrai que le nom développé de la dernière, avec l'élément trimo
qui utilise l'image de la puissance que comportent beaucoup de
noms de princes vazimba, maintient son appartenance à l'époque
des Ratrimo, son nom abrégé et celui de Rafohy sont à mettre en
relation avec la formation de l'idée que l'on se fit en Imerina
de ce qu'auraient été les Vazimba. Le mot ngita “crépu“ qui, par
ailleurs, désignait, il y a peu encore, une forme de beauté des
cheveux crêpelés pour le soin desquels les dames d'Imerina occupaient
une grande partie de leur temps, et le mot fohy “court, de petite
taille“ sont en effet deux des caractères par lesquels on spécifie
cette “population“ mythique.
Reste que le tandem Rafohy et Rangita a d'abord pour fonction
d'établir la légitimité de leurs successeurs.
Politique, la décision de Rangita qui, voulant rétablir une succession
harmonieuse (fanjakana arindra) au pouvoir, accordait aux enfants
royaux de se succéder les cadets se soumettant en attendant leur
tour (fanjakana ifanoavana), tenta de réserver aux seuls garçons
l'accès à la charge suprême en écartant les filles de la maîtrise
de la terre.
C'est ce que signifie le nom de son deuxième fils, Andriamananitany
“Prince qui possède la terre“, recevant une qualité qui était
jusqu'alors réservée aux filles (Ramananiambonitany, Ramanamihoatrambonitany,
Ramanalimananambonitany) que les andriana devaient épouser pour
pouvoir régner.
Dans cette période charnière, Andriamanelo, à qui devait succéder
son frère, ne devait disposer que d'un règne de transition. Il
avait reçu la succession de sa mère, mais son frère devait transmettre
la sienne à ses fils. Et, comme dans l'Ouest, le vendredi devait
remplacer le jeudi comme andron'Andriana “jour du Prince“. Ce
fut effectivement un règne de transition, mais celle-ci ne s'effectua
pas dans le sens voulu par Rangita.Comme le montrent les événements,
la décision fut discutée et rejetée. En effet, les deux frères,
l'aîné à Alasora, le cadet à Ambohitrandriananahary installé par
sa mère sur un sommet élevé dominant topographiquement celui d'Alasora,
ayant fait creuser un fossé pour fortifier leur cité, Andriamananitany
termina le travail au bout de quinze jours, alors qu'il fallut
un bon mois à Andriamanelo. Andriamananitany devenait le songe
ou le taro dépassant le bananier et lui faisant ombrage. Ce fut
le prétexte de l'assassinat du successeur désigné, que celui-ci
eût été perpétré avec l'accord de son aîné ou non. Mais, pour
respecter la décision de Rangita, il fut convenu que le fils d'Andriamanelo
épouserait la fille qu'Andrianamboninolona, fils d'Andriamananitany,
aurait de Rafotsindrindramanjaka, la sœur de son père.
Les innovations du héros civilisateur
C’était la fois suivre la décision devenue ancestrale
et par là même contraignante , puisque Andriamananitany régnerait
par ses descendants à travers Andrianamboninolona, mais aussi
conserver la succession matrilinéaire : le droit sur la terre
et surtout celui de transmettre le fanjakana restaient entre les
mains des femmes, comme le soulignaient les noms de Rangitatrimovavimanjaka
et de Rafotsindrindramanjaka.
Héros civilisateur, Andriamanelo apparaît dans la tradition comme
celui qui aurait innové en mettant fin à l'ignorance des Vazimba
présentés comme d'invétérés primitifs. On a prêté à ce souverain
l'introduction du fer et de ses techniques, celle de la circoncision,
l'invention de la pirogue, des fossés (hadivory) qui entourent
les sites d'habitat, du premier fanorona qui aurait nécessité
un sacrifice humain et, enfin, du rituel (alaondrana) permettant
le mariage de parents proches, y compris ceux de générations différentes.
C'était certes beaucoup et il n'était pas toujours facile de concilier
la tradition avec ce qu'on savait de science sûre.
Quoi qu'il en soit, que l'on n'ait pas compris qu'Andriamanelo
n'avait pas inventé le travail du fer, ne devrait pas conduire
à refuser d'écouter la tradition, quand elle nous dit que le fer
est apparu (niseho) sous le règne d'Andriamanelo, alors même que
l'on sait que, depuis Fanongoavana, qui est située dans une région
d'ancienne métallurgie, Andriamanelo et ses ancêtres étaient bien
placés pour connaître le travail du fer. Il ne s'agit pas effectivement
de l'invention de la métallurgie qui est connue depuis le début
du peuplement et se trouve attestée dans la région par des couteaux
et d'autres objets dans le site d'Ambohimanana, près d'Andramasina,
daté archéologiquement des 9e-11e siècles, mais bien de son utilisation
notamment pour les sagaies.
L'usage du fer comme arme est attaché au récit de la “conquête“
d'Alasora par Andriamanelo, le “jeudi noir“ de la tradition des
Manisotra, descendants des princes vazimba de l'endroit.
C'est avec des sagaies à lame de fer, des “fers volants“, qu'il
aurait attaqué Alasora, et les Vazimba qui y habitaient se seraient
alors enfuis.
Pour le même fait, il n'est pas inutile de rapporter qu'une autre
tradition rapporte qu'il aurait aussi attaqué d'Alasora en y faisant
pénétrer, avec le même effet, un troupeau de chèvres.De fait,
on sait que le fer et les gens qui le travaillaient étaient écartés
de l'exercice du fanjakana. Et la mémoire populaire des Hautes
Terres se rappelle encore que le creusement des fossés autour
des sites d'habitat andriana devait être fait avec des sahiratsy
ou bêches de bois.
De même ne pouvait-on menacer d'un fer (tsy ambanam-by) ni un
fleuve servant de frontière, ni un andriana, ni un andevo. Enfin,
on se rappelle que les andriana avaient utilisé des sagaies de
bois dur à la tête durcie au feu, les katsomanta et kinangala
interdits plus tard par Andrianampoinimerina mais qui, dans l'esprit
de beaucoup, conservent une grande supériorité sur les armes ultérieures.
Ainsi, enfreignant l'interdiction religieuse qui prohibait ce
métal dans le code la guerre et des conflits, notamment entre
princes, Andriamanelo innova et fit place nette autour de lui.
Que l'on puisse attribuer à un troupeau de chèvres les mêmes effets
ressort du même genre d'explication. En effet, les descendants
d'anciens princes ayant renoncé à l'exercice du pouvoir souverain
ont l'interdit de la chèvre (fady osy) et introduire des chèvres
à Alasora était alors violer un interdit profondément intériorisé
comme signe d'identité. La grande invention d'Andriamanelo n'était
pas de nature technique, mais, plus radicale, religieuse et sociale.
Quant à l'invention de la pirogue et des fossés de défense découlant
de celle du fer, il faut toujours beaucoup de naïveté pour leur
accorder encore quelque crédit, lorsque l'on songe aux techniques
de la construction navale mises en œuvre pour les voyages qui
conduisirent autrefois à Madagascar et aux milliers de sites à
fossés antérieurs au règne d'Andriamanelo.
Néanmoins, là aussi, Andriamanelo innova : il faut penser que
cette embarcation trouva un nouvel usage dans les cérémonies de
serment d'allégeance (velirano) et, plus sûrement encore, qu'on
put l'utiliser sur l'Ikopa sur lequel, comme toujours aujourd'hui
sur la Sisaony, il était interdit d'aller en pirogue (tsy azo
lakanina).
De même peut-on penser que l'usage des bêches de fer se généralisa
pour le creusement des fossés. Et il n'est d'ailleurs pas à exclure
qu'antérieurement, les bêches de bois une seule aurait même suffi
n'aient servi qu'au premier geste, initial et important, qui,
rituellement, consistait à “casser la terre“ (mamaky tany) et
que l'essentiel du travail se faisait ensuie déjà avec des outils
de fer.
La source des andriana d'Imerina
S'agissant de la circoncision, de l'alaondrana et du fanorona,
le souvenir de leur “invention“ peut déjà s'expliquer simplement
par un anachronisme descendant, fréquent pour signifier la confirmation
par un nouveau souverain de ce qui existait antérieurement. Leur
attribution à Andriamanelo est, de plus, un moyen d'exalter la
puissance du Roi. En effet, l'organisation de la circoncision
par Andriamanelo pour ses deux fils, Ramasy et Ranoro, était racontée
suprême consécration dans une sorte de mythe où les noms des deux
garçons, qui n'apparaissent plus par la suite dans les tantara,
évoquent on ne peut mieux celui de l'eau utilisée dans la cérémonie,
qui est dite ranomasina ranomanoro “eau sainte, eau heureuse“.
L'invention du rituel de l'alaondrana cette cérémonie qui, entre
deux personnes, annule la parenté interdisant le mariage permettait,
quant à elle, de se souvenir que, pour exécuter les décisions
testamentaires de Rangita, Andrianamboninolona avait été marié
à la sœur de son père transgression particulièrement grave dans
une société déjà influencée par l'islam.
Enfin, la création d'un fanorona au nord d'Alasora qui avait nécessité
un sacrifice humain, conservait surtout le souvenir qu'Andriamanelo
avait abandonné cette pratique longtemps nécessaire aux rituels
de fondation et en attribuait la responsabilité au seul Andriamananitany,
justifiant ainsi implicitement son éviction du pouvoir. Ainsi,
dans ces innovations, voit-on, à juste titre, la grandeur d'un
roi dont la réputation et l'autorité devaient dépasser l'étendue
du territoire qui reconnaissait son pouvoir.
Au cours de son règne, Andriamanelo “Prince qui dispose de l'usage
de l'ombrelle“ au nom impliquant qu'il avait à reconnaître qui
était andriana allait poser Alasora comme seule source d'andrianité.
Il existait bien sur les Hautes Terres centrales d'autres groupes
andriana comme les Andrianakotrina, dont le grand ancêtre est
gratifié de l'introduction en Imerina du riz apporté dans l'Ankaratra
par la fille de Dieu, ou comme les Andriamanangaona que l'on trouve
partout dans ce qui devint le Ventre de l'Imerina et qui, avant
de rejoindre la masse du peuple, auront encore des démêlés avec
Andrianampoinimerina.
A l'époque, tous les très hauts sommets de la région sont occupés
par des habitats à fossés et beaucoup d'entre eux abritent des
sépultures d'andriana de la période antérieure. C'est, par exemple,
le cas d'Ambohitrikanjaka dans la région d'Ambohimalaza.Située
au nord d'Ambohitrombihavana où Andrianamboninolona établit sa
résidence et culminant à 1.507 m dépassant Ialamanga de 35 m,
Ambohitrikanjaka domine toute la région à l'ouest de Kilonjy.
Bien fortifié par un système complexe de fossés doublé à l'extérieur
de murs édifiés avec des blocs de quartzite (vatovelona “pierre
de vie“), le site abrite toujours en son sein toute une série
de tombes qui témoignent d'une longue occupation.
Après l'établissement d'Andrianamboninolona à Ambohitromby, ses
occupants, rabaissés au niveau roturier, durent déguerpir et s'installer
près de Manjakandriana où les anciens se souviennent encore du
fait. Soulignant cet abaissement, les andriana habitant à l'ouest
d'Ambohitrikanjaka appellent ce sommet Ambohitralika, “A la montagne
des chiens“. Par l'écartement des andriana de la période antérieure
dès lors appelés roandriana, Alasora devint progressivement la
seule source de l'andrianité.
De cette nouvelle andrianité, Andriamanelo a défini les signes
distinctifs. Les ficus dont il existe de nombreuses variétés,A
furent de tout temps l'emblème du pouvoir politique à Madagascar.
Les Vazimba des Hautes-Terres utilisaient le voara et le nonoka,
dont certains étaient alors plantés au sommet d'Ialamanga. Avec
Andriamanelo, les amontana et les aviavy, également hazon'Andriana
“arbres du Prince / arbres des princes“ les remplacèrent. De même
interdit-il aux Bemihisatra, c'est-à-dire au peuple roturier,
d'enterrer à l'intérieur des fossés.
L'interdiction fut d'ailleurs facile à faire respecter, car elle
ne modifiait pas les coutumes de la majorité du peuple en la matière.
Son but était, en fait, de réserver aux andriana reconnus par
Alasora le droit d'enterrer à l'intérieur des fossés et d'en
exclure les roandriana. C'est donc à ces derniers que s'appliqua
l'interdiction. Avec Andriamanelo qui aménagea en rizières toute
la partie amont du Betsimitatatra, Alasora redevint capitale souveraine.
Mais elle devait supporter de rester sous le regard proche de
sa voisine d'Ialamanga. En épousant Ramaitsoanala, fille du roi
d'Ambohidrabiby, Andriamanelo allait consolider les droits des
descendants d'Alasora sur ce célèbre site qui, avec son rova de
Tsiazompaniry, demeurait le but ultime de tous les désirs. |