C'est surtout pour les Hova, que le
roi précise sa volonté pour les funérailles.
Chez eux, les morts ont plus d'importance que les vivants, contrairement
aux Andriana. Le roi va préconiser surtout l'entraide sans orgueil
: "Si l'on porte vos morts, portez leurs morts, si l'on ne porte
pas vos morts, ne portez pas les leurs, car chez les morts, il n'y
a ni douceur, ni amertume, il n'y a pas d'amour, ni de haine". Ce
conseil s'applique aussi bien au peuple qu'aux Andriamasinavalona.
Aucune cérémonie de funérailles ne peut se faire sans le Fokon 'olona,
conseil villageois des sages, et même les Vaditany, s'il y en a,
doivent non seulement être informés, mais ils peuvent décider du
déroulement de la cérémonie.
Avant Andrianampoinimerina, les habitants, réduits au cercle de
famille, construisaient des tombeaux de dimensions modestes mais
avec les recommandations de ce roi, ils vont devenir de véritables
monuments. Le roi, lui, pour réaffirmer sa force, fait reconstruire
les tombeaux royaux sur les douze collines sacrées, séjour de ses
ancêtres. En réalité, la plupart du temps, il réenveloppe l'ancien
tombeau de dalles de pierres, en ajoutant, selon les cas des trano
masina. L'érection de trano masina ou de trano manara, sur les tombeaux
des ancêtres royaux ou princiers, est plus difficile à cerner.
Maisons saintes
Mettre une trano masina, maison sainte sur un tombeau, est fonction
de plusieurs critères difficile à démêler. Le premier tombeau
à avoir été surmonté d'une trano masina, est attribué à Andriantompokoindrindra,
frère aîné d'Andrianjaka. Celui-ci fit part au roi Andrianjaka
de sa décision de construire son tombeau, différent des autres.
Il va l'entourer d'une palissade et le surmonter d'une petite
maison de bois, pour les mânes de ses ancêtres. Les raisons retenues
par le conteur semblent très discutables et ne reflètent pas une
situation nouvelle. Et lorsque l'on sait le "figé" en cette matière
… Le roi Andrianjaka, va demander les raisons de cette innovation
importante : "Moi qui suis un Andriana, les chiens viendront me
piétiner quand je serai mort ?". "C'est bien, mon aîné", répond
le roi Andrianjaka, "nous les Andriana, mettrons dorénavant une
maison sainte sur nos tombeaux, pour que l'on nous reconnaisse".
Et le roi Andrianjaka va imiter son aîné et l'on va en mettre
une sur le premier tombeau royal du Rova d'Analamasina Analamanga
Antananarivo, le sien.
Pour les autres Andriana la dénomination est différente, c'est
la maison froide, au lieu de maison sainte. Cette coutume
tendra à dégénérer, car c'est là le signe visible d'un tombeau
d'Andriana, le seul même, en dehors de son emplacement, et beaucoup
voudront s'arroger ce privilège, sans y avoir droit. Le roi va
devoir de nouveau intervenir pour préciser qui est qui, et qui
y a droit. Mais, le roi, peut, en certaines circonstances, récompenser
une famille en l'autorisant à mettre sur son tombeau une maison
froide. Mais là aussi, le roi précise si elle est permanente,
donc à reconstruire et à entretenir, ou temporaire et à laisser
retourner en poussière comme ses occupants. Et le roi de dire
: "On ne reconnaîtrait plus les Andriana des Hova, car nombreux
sont parmi vous les riches, et il n'y a qu'un petit nombre de
trano-manara, soit : beaucoup de riches, mais peu d'Andriana".
Mais le roi qui peut tout, transgressera ses recommandations,
pour son "amie" Ramaro, femme libre. Il fera construire pour elle
et entretenir une trano manara.
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Ch. G. Mantaux et H. Ratsimiebo |