L’existence d’un gisement d’uranium
exploitable dans la région du Melaky, sera confirmée
avant la fin de l’année. Trois millions de dollars
sont déjà investis par les promoteurs.
Madagascar pourrait devenir un grand producteur d’uranium.
La prospection effectuée dans la plaine de Betsiriry, dans
la région du Melaky, est actuellement au stade du forage.
Cela permettra de prélever des échantillons du sol
(carottes), qui seront envoyés au Canada pour être
analysés. Des données sur la teneur d’uranium
contenu dans le sol, seront recueillies à partir de l’analyse.
Logiquement, les résultats seront connus vers le mois de
novembre et la décision d’exploitation dépendra
de la quantité du gisement.
« Pour que le projet soit rentable, il faudra qu’il
y ait, en moyenne, 500 grammes d’uranium dans une tonne
de terre », précise Olivier Petyt, directeur général
de ALM & Forex, la société qui effectue les
travaux de forage. C’est la filiale de la compagnie Uramad,
titulaire du permis d’exploration.
Celle-ci, de son côté, est une filiale de la compagnie
minière anglaise Uranium Mining Compagny . Elle est titulaire
de deux permis d’exploration d’uranium à Madagascar.
Le premier se situe dans la plaine de Betsiriry, dans la commune
de Beravina, située à 150 kilomètres à
l’ouest de Tsiroanomandidy. Il s’étend sur
une superficie de 400 km2. La deuxième zone d’exploration
se trouve à Makay, au nord de Morondava, et occupe une
superficie de 14 400 km2. Ce dernier fait, à l’heure
actuelle, l’objet d’une prospection aéroportée,
c’est-à-dire par voie aérienne, la première
étape de la recherche d’uranium.
Uramad prévoit d’investir jusqu’à cinq
millions de dollars dans cette phase de recherche. Selon Bernard
Furth, directeur général de Uramad, près
de trois millions de dollars sont déjà utilisés.
« Ce chiffre dépassera largement les cinq millions
de dollars avant la fin de l’année 2008?, souligne-t-il.
Uramad emploie quelque 120 personnes. Elles sont nourries et logées
dans un campement implanté à Folakara, à
17 km au sud-ouest de la commune de Beravina. Le salaire moyen
varie selon le domaine d’activité et se situe entre
4 000 et 6 000 ariary par jour.
Concernant la prospection, ALM & Forex prévoit de
réaliser jusqu’à 4 000 forages et d’obtenir
jusqu’à 3 000 mètres de carottes avant la
fin de l’année. La profondeur des forages a une moyenne
de 30 mètres, avec des pics atteignant les 60 mètres.
Trois foreuses sont aujourd’hui utilisées pour la
prospection, nombre qui sera porté à cinq d’ici
la fin de l’année.
La course à l’uranium
L’augmentation sans précédent de la demande
en uranium sur le marché mondial explique la multiplication
des travaux de prospection à Madagascar. En cinq ans, le
cours de l’uranium a littéralement explosé.
Il est passé de 9,7$ la livre, en 2002, à 130 dollars
cette année.
L’uranium est l’élément essentiel pour
produire de l’énergie nucléaire et la demande
de cette matière première est de plus en plus pressante
de la part de nombreux pays, comme la Chine et l’Inde. Même
les pays réputés pour être anti-nucléaires
envisagent d’y recourir.
Actuellement, les sites d’extraction se situent essentiellement
au Canada, en Australie, au Niger et au Kazakhstan. La consommation
prévue pour 2007 est de 183 millions de livres pour une
production mondiale estimée à 117 millions de livres.
Hautement radioactif
L’uranium est la base de la production de l’énergie
nucléaire, en servant de combustible aux centrales. Un
réacteur nucléaire peut en consommer environ 200
tonnes par an et, dès sa mise en service, il a besoin de
600 tonnes.
Il existe 435 réacteurs dans le monde et de nouveaux sites
vont voir le jour: 28 sont en construction, 64 planifiés
et 158 en cours de développement. Les déchets nucléaires
et la radioactivité constituent les principaux dangers
que peut présenter l’énergie nucléaire.
Certains déchets peuvent rester actifs pendant des millions
voire des milliards d’années. La technique de leur
recyclage n’est pas encore au point, compte tenu de leur
durée de vie. Mais il y a également le vieillissement
des sites, qui accroît les risques d’accident nucléaire.
Les explosions, comme celle de Tchernobyl en Russie, en constituent
les cas extrêmes.
Le coût de démantèlement d’une centrale
est estimé entre 300 et 500 millions d’euros. Pourtant,
après l’opération, les sols restent souvent
radioactifs. Pour Madagascar, la radioactivité ne présente
aucun risque durant la phase de prospection. Ce n’est que
durant l’exploitation que des précautions sont à
prendre. Le pays n’envisage pas non plus de recourir à
l’énergie nucléaire, en tout cas pas pour
l’instant.
http://www.lexpressmada.com/index.php?p=display&id=10917 |
• L'existence de l'uranium à
Beravina est-elle confirmée ?
- Rien n'est encore sûr pour le moment. Cependant, les Français
avaient effectué des extractions d'uranium à Madagascar,
dans les années 50. Les géologues disent également
que la structure géologique de Madagascar ressemble à
celle des pays africains qui disposent d'importants gisements d'uranium.
Ces raisons ont poussé Uramad à prospecter à
Madagascar. Les travaux sur le site de Folakara sont les plus avancés
à l'heure actuelle.
• Quelles sont les différentes étapes à
franchir ?
- Cela débute par les relevés aeroportés,
par avion équipé de radiométrie, qui permettent
de détecter les anomalies du sol. Ce procédé
sert, entre autres, à recueillir la teneur du sol en potassium,
thorium et uranium. S'ensuivent l'étude du sol par les
géologues et la pré-campagne de forage sur les sites
favorables. Le forage permet de constater si le gisement est économiquement
rentable pour être exploité.
• Quels paramètres détermineront la décision
d'investissement ?
- L'importance et la qualité du gisement constituent les
principaux paramètres qui détermineront la décision
d'investissement. Mais il ne faut pas penser que dès que
le gisement est trouvé, l'exploitation se fera dans l'immédiat.
Il faut des travaux préliminaires, notamment la construction
de l'usine d'extraction dans une durée de trois ans avant
la phase de production.
• L'uranium est associé à la radioactivité,
au nucléaire, faut-il en avoir peur?
- Durant la phase de prospection, il n'y a rien à craindre
de la radioactivité. Cela dépendra également
de la teneur en uranium que seuls les scientifiques peuvent évaluer
avec précision. La radioactivité de l'uranium extrait
du sous-sol malgache n'est pas très élevé.
Néanmoins, il faudra prendre des précautions durant
la phase d'exploitation, si nous atteignons ce stade.
• A quoi servira la production ?
- La production sera destinée à l'exportation pour
faire fonctionner les centrales nucléaires. Comme les réserves
de pétrole s'épuisent à l'heure actuelle,
les recherches sur l'énergie nucléaire prennent
de l'ampleur. L'uranium est la source d'énergie du futur.
Source L’express de Madagascar http://www.lexpressmada.com/index.php?p=display&id=10919 |