A l'est de Antananarivo sur la piste
Ambohimanambola, Anjeva
1487 m
latitude 18° 55,5 sud
longitude 47° 38,6 est
plusieurs orthographes sont tolérées Imerikasinina
Merikasinina Merinkasinina IMERIKASININA kml
Imerinkasinina
D’Andrianafovaratra à Marc
Ravalomanana
Fort longtemps méconnu, le village d'Imerinkasinina, ancien
fief d’un seigneur singulier du nom d’Andrianafovaratra,
fait aujourd’hui partie des collines sacrées de l’ancien
royaume merina. Un statut culturel reconnu par l'Etat malgache.
La structure, caractérisée par la présence
des arbres symbolisant les lieux de résidence royaux, tels
l’ «amontana » et « l’aviavy »,
et les fossés circulaires entourant le village ayant servi
jadis à le protéger, le justifie.
Deux chemin mènent à Imerinkasinina. Le premier :
celui passant par Ambohimalaza, avant de joindre la localité
d’Anjeva. De là, une piste escarpée d’environ
3 Km, grimpant par le flanc sud-est d’une vaste colline, ou
la nouvelle route entièrement pavée, plus commode
pour les automobilistes, permet d’accéder au village.
Le second : vous passez par Ambohimanambola, avant de prendre la
route de Masindray qui aboutit à Anjeva où l’on
prend les mêmes chemins que les précédents.
A l'origine, le village s'appelait Ambohitraivo, mais un seigneur
vazimba, du nom d’Andrianafovaratra, signifiant texto «
seigneur du feu de la foudre » pour imposer son hégémonie,
décida un jour de l’appeler « Merinkasinina »,
venant de « mahery ka hasinina », qui se traduit par
« puissant, donc vénéré ». A l’époque
monarchique, Andrianafovaratra, régnant sur le village de
Merinkasinina soumettait les autres roitelets des environs en usant
de son pouvoir hors du commun de manipuler la foudre à sa
guise. Il arrive que par temps sec, pour démontrer sa puissance,
au milieu de la cour de son palais où il a installé
des troncs d’arbre, il invoque les esprits. Telle une hache
de feu géante, la foudre, claquant avec une déflagration
infernale fracasse les troncs. Aussi, les villages environnants
tremblent rien qu’à entendre le nom d’Andrianafovaratra.
Vavahady entrée du village
Suffisance fatale
Mais un jour, Ralambo, roi d’Ambohidrabiby, une colline située
au sud-ouest d’Imerinkasinina, celui qui, le premier a appris
aux Malgaches à manger la viande du « jamoka »
ou bœuf lassé de l’éternelle soumission,
décide de lui tendre un piège. Pour ce, il fait lancer
un défi par son ami Andrianandritany à Andrianafovaratra,
tout en précisant le lieu de l’affrontement : une colline
sise en contrebas, au sud-est de Merinkasinina. Le jour venu, Andrianafovaratra,
plus que jamais imbu de suffisance, rassemble les plus valeureux
ses guerriers et dévale en trombe la pente qui mène
vers le champ de bataille les soldats de Ralambo, pour signaler
leur présence, agitent fallacieusement des flambeaux. En
plus, ces derniers, simulant la frayeur, à l’approche
des assaillants, prennent la fuite. Encouragés par cette
« poltronnerie » de l’ennemi et appâtés
par l’imminence d’une nouvelle victoire, les attaquants
se mettent à poursuivre les « fuyards », s’éloignant
ainsi davantage de leur village. De leur côté, Ralambo
accompagné d’un bon nombre de ses meilleurs guerriers,
posté depuis le début des manœuvres, dans la
vallée située à la partie sud-ouest au pied
de la colline de Merinkasinina, grimpe précipitamment, mais
silencieusement vers ce village, où seuls femmes, enfants
et vieux sont restés.
Ayant entendu les hallali de la troupe d’Andrianadritany,
Andrianafovaratra et ses hommes interrompent leur « folle
» poursuite. Se retournant, ils voient des flammes rougeoyantes
et une fumée épaisse s’élever de leur
village, et comprirent le subterfuge. Pétrifiés, paniqués
et désemparés, en dépit de leurs amulettes
s’avérant désormais impuissants, dans une grande
débandade, ils s’enfuient chacun de leur côté.
Certains joignent Ambatomanga, tandis que d’autres, Ambohimalaza.
Vavahady pierre ronde qui condamne l' entrée
du village
Imerinkasinina change d’époque
Aujourd’hui, le village de Merinkasinina, ayant pris le nom
d’Imerinkasinina, de « Imerina vénéré
», bien qu’ayant conservé certains vestiges de
son aspect d’antan, dont les arbres appelés «
aviavy » symboliques des villages royaux ainsi que les 7 couches
de fossés, entourant circulairement le village et les portails
obturés par de lourds disques de pierre, se métamorphose
pour se moderniser. Depuis 1997, l’eau domestique, remontée
par le système d’adduction de deux bassins de captage
installé en contrebas, est présente au village, et
en 2002, l’électricité a commencé à
l’illuminer. Par ailleurs, le temple protestant FJKM d’Imerinkasinina,
grâce à la foi et la générosité
du président Marc Ravalomanana, est devenu une véritable
cathédrale. Juste à côté, une école
primaire flambant neuve rattachée à cette église,
reflète l’importance de l’éducation pour
les habitants de cette localité. Côté loisirs,
un terrain de basket-ball en béton, récemment construit,
permet aux jeunes de ce village de pratiquer ce sport.
La quasi-totalité de la population d’Imerinkasinina
pratique l’agriculture. En dépit du relief escarpé,
les paysans d’Imerinkasinina ne ménagent pas leur peine
pour cultiver des légumes biologiques de qualité,
ainsi que des céréales maïs et riz et tubercules
telles manioc, patate douce et taro. En agriculture, les habitants
d’Imerinkasinina font partie de ceux qui ont su conserver
une des traditions appelée « valintanana » ou
entraides réciproques. Cette pratique consiste à s’entraider
dans les divers travaux de champs, surtout pendant la saison du
labour et de la récolte du riz.
Sur le plan culturel, Imerinkasinina est en passe de devenir un
site touristique d’intérêt historique. Les visiteurs
pourront y voir, outre les grottes ayant servi de refuges lors des
persécutions coloniales, un musée où seront
exposés divers objets d’antan, dont des métiers
à tisser la soie et les machines artisanales utilisée
pour la mouture du tabac.
Par Rivo Stéphanoël
http://www.madainternational.de/francais/articles.html
magnifique représentation de maison
à balcons
jeux d' ombre et de lumière sous
les balcons
beaucoup de caractère, énormément
de charme, plein d'authenticité
je dois avouer que je suis sous le charme
de ce petit village avec la umière d' une fin aprés
midi de mars
tout est encore dans son jus, intact, vierge
de toute modification aberrante et défigurante
calme et sérénité,
le temps s'écoule paiblement, mora mora (tranquille,
nonchalant) prend tout son sens ici, très loin de l'agitation
de la capitale d'Antananarivo
la seule ruine envahie par la culture de sosety chouchoute
ou chayotte
lavoir
maison dans son écrin de verdure
Marc Ravalomanana Le «
petit laitier » devenu « roi du yaourt »
Né le 12 Décembre 1949 en milieu hova à Imerikasinina,
un petit village situé à quelques kilomètres
de la capitale Antananarivo, Marc Ravalomanana est le benjamin d’une
famille de huit enfants, d’où son nom signifiant le
« huitième » en malgache. Tout en poursuivant
des études d’agronomie, il travaille au sein de la
petite laiterie familiale.
Il s'est marié avec Lalao Rakotonirainy, il est père
de 4 enfants (1 fille et 3 garçons).
En 1982, à l’âge de 33 ans, le « petit
laitier » tel qu’il est parfois surnommé développe
sa propre entreprise grâce à un prêt de la Banque
mondiale. En quelques années, il fait de Tiko S.A. l’un
des groupes alimentaires les plus importants de Madagascar, qui
s’enorgueillit de la création de 5 000 emplois directs
et d’environ 100 000 emplois induits. Distribués dans
tout le pays ainsi que dans les autres îles de l’océan
Indien, les produits Tiko (produits laitiers, huiles de soja et
de tournesol, jus de fruits et boissons gazeuses) assurent au «
roi du yaourt » une notoriété nationale.
beaucoup de fleurs en cette fin mars
L’homme d’affaires reconverti
dans la politique
Fort de sa réussite, Marc Ravalomanana se porte candidat
à la mairie de la capitale malgache en 1999. Sans étiquette
politique, il est élu haut la main sous les couleurs de l’association
Tiako Iarivo (« J’aime Tana »). Avec pour mot
d’ordre la « lutte contre la pauvreté »,
il entreprend un programme de réhabilitation d’Antananarivo,
axé sur l’assainissement, au sens propre comme au sens
figuré. Il s’engage ainsi à lutter contre le
délabrement des services publics et la corruption.
En août 2001, dans l’enceinte du temple de son village
natal, il annonce sa candidature à la prochaine élection
présidentielle contre Didier Ratsiraka, sous la bannière
de l’association Tiako i Madagasiraka (« J’aime
Madagascar »), un nom rassembleur et convivial. S’il
ne dispose pas de parti politique, il peut compter sur le soutien
des courants religieux. Ce fervent protestant, qui aime à
se définir comme un « self-made man », est un
membre actif et le principal financeur de l’Église
de Jésus-Christ de Madagascar (FJKM), l’une des principales
églises chrétiennes de l’île. Il prend
pour slogan de campagne une citation de l’Évangile
selon saint Marc : « Tout est possible à celui qui
croit » (IX, 23). Dans ses discours, il veille à prononcer
sa phrase-clé « N’ayez pas peur, croyez seulement
en moi », avant d’inviter à la prière.
Le président autoproclamé
Le 16 décembre 2001, au premier tour de l’élection
présidentielle qui se déroule dans une ambiance politique
surchauffée, Marc Ravalomanana arrive en tête sans
atteindre la majorité absolue. Alors que ce résultat
est contesté, Madagascar plonge dans une période de
crise. Le pays apparaît coupé en deux, avec la crainte
de voir ressurgir l’antagonisme séculaire entre les
« côtiers », favorables à Didier Ratsiraka,
et les Mérinas des hauts plateaux, majoritairement ralliés
à Marc Ravalomanana. Ce sont finalement les milieux religieux,
traditionnellement très influents à Madagascar, qui
s’emploient à faire retomber la tension et parviennent
à faire pencher la balance en faveur de Marc Ravalomanana
— dont le groupe Tiko a généreusement soutenu
les œuvres des différentes confessions.
Autoproclamé président en février 2002, Marc
Ravalomanana obtient la reconnaissance de la communauté internationale
quelques mois plus tard. Après un quart de siècle
d’un pouvoir sans partage de l’« amiral rouge
» Didier Ratsiraka, il entend imprimer une nouvelle orientation
économique à la Grande Île, donner plus de transparence
à l’administration et accompagner la relance économique
par une politique de désenclavement des régions.
Un chef d’entreprise à la tête de l’État
La présidence de Marc Ravalomanana est marquée
par une politique de réforme et de relance économique
volontariste.
Avec le soutien des bailleurs de fonds, notamment la Banque mondiale,
le nouveau président malgache lance de grands chantiers publics,
en particulier dans la lutte contre la corruption et dans l’amélioration
du réseau routier, de l’éducation et de la santé
de base. Le pays renoue avec une croissance soutenue dès
2004 mais, si les conditions de vie en milieu rural s’améliorent,
la population urbaine n’est pas en mesure de bénéficier
des fruits des réformes et du redressement économique.
La persistance de la pauvreté, conjuguée à
une certaine forme d’autoritarisme, nourrissent une montée
des critiques à l’égard de Marc Ravalomanana,
même parmi ses partisans (en particulier au sein de l’Église).
Tandis qu’il insiste sur son savoir-faire d’entrepreneur
mis au service du développement de Madagascar, ses opposants
lui reprochent de mélanger sa fonction de chef de l’État
et ses intérêts de chef d’entreprise en plus
de ses activités dans l’agroalimentaire, le président
malgache possède deux entreprises de travaux publics, une
compagnie aérienne, une station de radio et une télévision.
Au terme de son mandat, il affronte treize candidats au premier
tour de l’élection présidentielle de décembre
2006. À l’issue d’un scrutin jugé globalement
régulier par les observateurs internationaux et auquel participent
61,45 p. 100 des électeurs, il est réélu dès
le premier tour avec 54,79 p. 100 des suffrages.
Le "PDG de Madagascar" a été mis à
la porte. C'est un échec cinglant pour Marc Ravalomanana,
homme d'affaires habitué aux succès. Né il
y a presque soixante ans dans un village à l'est d'Antananarivo,
cet enfant d'une famille qui en compte huit a fait peu d'études,
mais a appris vite.
Livreur de lait dans la petite entreprise familiale de yaourt,
il est devenu patron de sa propre société au début
des années 1980 en allant frapper aux portes des bailleurs
de fonds internationaux. En une décennie, l'autodidacte
a créé un empire agroalimentaire dans la Grande
île. Huile, eau minérale, jus de fruits, yaourt...,
les produits Tiko deviennent des incontournables du quotidien
des Malgaches.
En 1999, Marc Ravalomanana surprend. Sans étiquette politique,
il entre à la mairie de la capitale. Un tremplin idéal
pour affronter deux ans plus tard l'indéboulonnable président
Didier Ratsiraka. Dans les urnes, puis dans la rue, pendant six
mois de crise au bout desquels l'"amiral rouge" jette
l'éponge en se réfugiant en France.
Le nouveau locataire du palais d'Iavoloha suscite un espoir immense
parmi la population. Les Malgaches ne sont pas déçus.
Dans l'un des pays les plus pauvres de la planète, ce pratiquant
du culte protestant transforme plusieurs milliers de kilomètres
de pistes en routes. Dans les campagnes, davantage d'enfants deviennent
écoliers, les récoltes des paysans sont mieux rétribuées,
et l'accès aux soins est amélioré. Sa politique
d'ouverture aux investissements étrangers assure à
la croissance malgache un taux annuel moyen de plus de 5%. Absence d'écoute
Mais son ambition pour le pays est bientôt rattrapée
par son ambition personnelle. Ce père de quatre enfants
tient encore les rênes de ses sociétés, officiellement
déléguées à ces proches. Il utilise
les ressources étatiques pour les faire fructifier et mettre
des bâtons dans les roues de ses concurrents. Sa défense
d'une politique économique libérale s'arrête
là où débutent les intérêts
de ses monopoles, suscitant la frustration des opérateurs
économiques.
Réélu en 2006, il prête de moins en moins
attention aux revendications sociales d'une partie du peuple qui
souffre de l'inflation et d'un accroissement des inégalités.
Au quotidien, sa réputation de dirigeant efficace est ternie
par son absence d'écoute de ses conseillers. L'homme de
petite taille et au regard d'acier ne supporte plus la contradiction.
Il s'arrange pour que ses opposants ne soient que des êtres
de papier, et les médias des porte-voix officiels.
Que ce soit la victoire d'Andry Rajoelina lors des élections
municipales dans la capitale en 2007, ou encore l'indignation
soulevée par l'affaire de location de terres malgaches
à la compagnie sud-coréenne Daewoo en 2008, Marc
Ravalomanana ne détecte pas les signaux d'alerte. Devant
son palais assiégé par les manifestants, le sang
coule, le 7 février, tandis qu'il s'enferme dans un mutisme
suicidaire.