Imerimandroso, un avant-poste à l'ouest d'Ambohimanga
Dans sa marche vers la réunification de l'Imerina (1787-1795),
Andrianampoinimerina tente de consolider, au fur et à mesure,
les bordures frontalières du royaume d'Ambohimanga colline
sacrée d'où il est parti et plus particulièrement,
sur la façade nord-ouest qui fait face au Marovatana. Celui-ci
dépend alors de la branche dynastique installée
à Ambohidratrimo.
Parmi les places fortifiées ainsi implantées, Imerimandroso
vient s'appuyer aux marais de l'Anketsa et constitue une ligne
avancée d'Ambohimanga.
Après l'Indépendance, le village d'Imerimandroso
occupe encore les lieux de sa première implantation, à
l'abri des fossés de défense, creusés sur
un léger mamelon entouré de rizières et de
marais aménagés.
Selon les «Tantara ny Andriana» du RP Callet, c'est
au cours des sept premières années de son règne
qu'Andrianampoinimerina fonde le village. Les soldats-colons qui
le bâtissent, en même temps qu'ils doivent protéger
le terroir et, de ce fait, l'arrière-pays, ont aussi pour
obligation de repousser d'éventuelles incursions Marovatana
ou Sakalava. D'où le nom de «Manendrilahy»
(ceux qui repoussent l'ennemi) qui leur est donné.
Quant au nom de village, Imerimandroso (l'Imerina qui avance),
il se retrouve en fronts successifs sur diverses façades
frontalières jusque dans l'Alaotra.
L'aspect défensif et offensif du village permet également
des incursions en territoires voisins non encore soumis. «Les
terroirs conquis de la sorte revenaient aux habitants du village,
comme la viande de la bosse du zébu est la part du vaillant»
(Marie-Claude Grimaud).
Aussi faut-il que l'union règne au sein de cette population
de provenances diverses : «Si vous vous disputez le matin,
que tout soit arrangé le soir». Tels sont les conseils
de concorde que le Roi donne aux colons Tsimahafotsy (Hova d'Ambohimanga)
et Tsimiamboholahy (Hova d'Ilafy) ainsi que quelques familles
nobles Andrianamboninolona et Andriandranando, tous assignés
à y cohabiter.
Parmi les habitants, 50 Andrianantera, qui ont aidé le
prince Imboasalama à devenir le roi Andrianampoinimerina,
reçoivent le titre de «mpiasa vero» (défricheurs,
pionniers). Ce qui montre le degré d'importance accordé
au village au sein du royaume. «Ce n'est pas à titre
de simple habitant, mais pour garder ma frontière et mon
royaume», précise le Roi en les y plaçant.
Entouré de bonnes terres, Imerimandroso devient rapidement
un grenier à riz et Andrianampoinimerina crée le
marché des Tsimahafotsy, les plus nombreux, à Alatsinain'Imerimandroso,
où abondent le riz et le gingembre.
Pour symboliser son autorité
sur le village, le souverain fait dresser deux pierres au sud
du village, l'une représentant Ambohimanga, l'autre Imerimandroso.
Il se fait construire une case, «Tsarahasina», et
se réserve des rizières. Sa première épouse,
Rabodonimerina, réside du reste au village, dont la colline
est, dès lors, comptée au nombre des collines sacrées,
mais pas à titre des aînées car elle n'est
pas invoquée dans les prières.
A la tête du village est installé Andrianamboamanjaka,
beau-fils d'Andriambelomasina donc oncle d'Andrianampoinimerina.
Sa descendance lui succèdera dans ces fonctions, Rakotovao
puis Andriantsisina et Andriantsilamba.
Les défenses du village comprennent deux fossés
ovales. L'ouvrage extérieur aurait été creusé
plus tard, vers le milieu du XIXe siècle, par suite de
l'habitat originel ; pourtant, c'est le seul fossé muni
de levées de terre en remparts. Le fossé intérieur
est ouvert par trois passages qui mènent vers l'extérieur,
au nord, au sud-ouest et au sud-est. Ils comportent les défenses
les plus poussées.
Journal Express de Pela Ravalitera
Merimandroso coté sud
Merimandroso coté nord
place du village avec la mairie
statue de Andrianampoinimerina 1787 1810
Les vestiges d'une sépulture princière
En visitant Imerimandroso en 1971, Marie-Claude Grimaud découvre
une ancienne maison à une façade primitive de bois
et restaurée sur trois côtés. Un socle de
pierres et de briques crues montre visiblement qu'elle date de
la seconde moitié du XIXe siècle. «A moins
que le bois n'ait été réutilisé à
cette date avec un nouveau socle».
Du côté de l'angle nord-est, se trouve une pierre
dressée, «sans doute liée à l'histoire
de l'habitation ou du tombeau», situé au sud. «Ce
tombeau a été restauré par l'instituteur
du village, à grand renfort de ciment, mais à sa
base, l'appareillage de pierres brutes originelles est encore
visible».
Selon les villageois de l'époque, l'ouvrage funéraire
a été surmonté d'une «Tranomanara»,
dont seuls les tombeaux des princes de lignée royale régnante
sont dotés. «Peut-être, est-ce là le
tombeau du chef mis à la tête du village, ou de l'un
de ses descendants. En effet, c'est la seule sépulture
que l'on trouve dans l'enceinte. De plus, il est placé
à l'intérieur de l'ancien Rova», enclos par
une construction de type «tamboho».
Les «Tantara ny Andriana» mentionnent affectivement
que le premier chef Andrianamboamanjaka et trois de ses descendnats
sont enterrés à Imerimandroso. Journal Express de Pela Ravalitera