Isoraka, là où l'on peut enfin
souffler
Passé l'effervescence du quartier administratif et commercial
d'Antaninarenina, vous pouvez souffler enfin. «Isorakaka»
ou «Isokaka», voilà d'où vient le nom
du quartier situé au nord-ouest du lac Anosy. «Essoufflé»
est la traduction en vieux malgache qui se rapproche le plus
du verbe attribué au roi Razakatsitakatrandriana. Selon
la petite histoire, l'éminent personnage aux neuf syllabes
fut détrôné il y a plus de trois siècles.
Essoufflé, il s'arrêta à un endroit que l'on
s'accorda à appeler «Isoraka», en mémoire
à sa couardise.
On trouve les premières fondations du quartier dans un
soubassement au nord d'Anosy. On doit l'émergence de ce
qui semblait encore n'être qu'un village, grâce au
docteur Villette qui fit construire une maternité, inaugurée
en 1901. Saints de corps... Pour ce qui est de l'esprit, Protestants
et Catholiques se partagent aujourd'hui encore les lieux. La mission
luthérienne norvégienne se trouve à l'Ouest,
alors qu'en remontant la rue Gabriel Ramanantsoa, l'école
Saint Joseph de Cluny fait face à l'église d'Ambatonilita.
Après une première construction en 1987, l'édifice
catholique, sous le patronage de Saint Vincent de Paul, fut reconstruit
en 1942.
Mais le quartier n'a pas toujours connu la quiétude qui
attire aujourd'hui bon nombre de sexagénaires. L'administration
coloniale avait trouvé les lieux propices à l'implantation
d'une poudrerie, dirigée par Cameron. Quelle ne fut sa
déception quand son activité partit en fumée
? Horreur aussi pour le roi Radama qui perdit, dans l'explosion,
son fils Ravarika. Triste sort pour ce dernier qui avait été
envoyé en Angleterre pour en savoir plus sur la poudre
qui, plus tard, le tuera.
Plus de 3000 âmes dans le fokontany
Aujourd'hui, l'âme du quartier est gardée par la
doyenne Dorothée Rasoazanany. Du haut de ses 89 ans, elle
est l'une des quelque sept cents habitants du secteur d'Isoraka
stricto sensu. Bien que son âge la démarque de ses
voisins, la classe la plus représentée est néanmoins
celle des 55-60 ans. Cela explique peut-être l'opulence
et la quiétude des lieux, quelques fois troublées
par des veilleurs venus se rassasier en plein cœur de la
ville.
Les promeneurs pensent rarement à faire un détour
dans ces rues qui semblent avoir été tracées
à la règle. L'affluente rue Gabriel Ramanantsoa
avale les voitures à Antaninarenina pour ne les recracher
qu'en contrebas, à Isotry ou à Antsahavola. Mais
si, comme le roi Razakatsitakatrandriana, vous êtes essoufflé,
glanez dans la galerie Yerden, riche de ses 10.000 sculptures,
tableaux et autres trésors de la culture malgache. Ou alors
demandez au propriétaire des lieux, Fabien Corbou, de vous
ouvrir les portes de son autre magasin, le Comptoir malgache de
promotion du livre (Cmpl). La librairie universitaire fait figure
d'exemple avec sa longue expérience - 32 ans - mais surtout
pour les 6.000 titres référencés. Voilà
un endroit à l'abri des klaxons, pour dévorer les
livres en attendant de se mettre quelque chose sous la dent.
Quartier du musée
La discrète villa, confinée dans la rue de la Réunion,
héberge en un seul lieu l'Institut de civilisation et le
musée d'art et d'archéologie. Rattaché à
la faculté, ce pôle culturel réunit une douzaine
de chercheurs en anthropologie, géographie et géologie.
Les universitaires mettent en commun leurs connaissances pour
assurer la défense du patrimoine culturel et la restauration
des sites historiques. Grâce au dynamisme du directeur Jean-Aimé
Rakotoarisoa, l'Institut de civilisation s'ouvre régulièrement
au public, en proposant des conférences. 3.000 ouvrages
et 1.500 illustrations (photographies et cartes) peuvent être
consultés tous les jours de la semaine.
Le bâtiment, qui était jusqu'en 1970 une maternité,
est surtout connu des Tananariviens pour être un des rares
musées situés au coeur de la ville. En effet, le
musée d'art et d'archéologie a une large collection
d'objets ethnographiques et archéologiques. Les ustensiles
de cuisine, bijoux, lamba, objets funéraires, côtoient
les tessons de poterie usés par le temps. En tout, ce ne
sont pas moins de 2.000 objets ethnographiques et 3 tonnes de
vestiges archéologiques qui donnent une vision d'ensemble
des mœurs et des coutumes de l'île.
Quartier cunilaire
Petites cantines, restaurants feutrés et «gargotes
rapides». Le parcours culinaire commence au petit matin
avec les effluves de café de Rabenaivo. Secondé
par son fils Hery qui attrape avec délicatesse les beignets
encore tous frais, il voit passer les affamés qui ont bien
du mal à faire leur choix entre cuisine locale, réunionnaise,
périgourdine ou chinoise. Un vrai festin «isorakien»
!
http://www.les-nouvelles.com/default.php?file=enquete&mode=detail&id=142
Enquête du 7 mars 2005
Le Tombeau du Premier Ministre Rainiharo 1835-1852 quartier d'Isoraka
Sur la gauche de l’avenue Victoire Rasoamanarivo, quand
on descend d’Antaninarenina vers Isotry, on ne peut manquer
le tombeau du Premier ministre Rainiharo et des membres de sa
famille, ses fils Rainivoninahitriniony et Rainilaiarivony Premier
ministre des trois dernières reines malgaches, 33 corps,
dont les dépouilles mortelles de Raharo Premier ministre
de Radama II |
Rainilaiarivony, premier ministre pendant
31 ans (1864 -1895). Hova originaire d’Ilafy, il appartenait
à l’une de ces familles d’Avaradrano proches
du Grand Roi Andrianampoinimerina. Ses grands-pères Hagamainty et Andriantsilavo avaient déjà été
les conseillers intimes de ce dernier.
Son père Rainiharo, était le Premier ministre
de Ranavalona 1ère, et son frère Rainivoninahitriniony,
le Premier ministre de Radama II (1861-1863) et des premiers jours
de règne de Rasoherina (1863-1864).
Rainilaiarivony à travers les trois règnes de Rasoherina,
Ranavalona II et Ranavalona III, se fera remarqué par son
redoutable autocratie et son ambition, caractère qu’il
avait dès son très jeune âge. C’était
également un homme très remarquable par sa droiture
en affaire d’où son surnom « Radilifera »
qui venait de « the man who deals fair ».
Malgré sa détermination et ses efforts , il ne réussira
qu’à que retarder la montée des troupes françaises
à Antananarivo le 30 septembre 1895. L’annexion de
Madagascar est déclaré le 6 août 1896 peu
de temps après son décès en Alger le 17 juillet
1896.
Les auteurs G-S. Chapus et G. Mondain ont consacré une
monographie sur le premier ministre Rainilaiarivony intitulée
"Rainilaiarivony, un homme d’Etat malgache". Cet
ouvrage fait partie des archives de la Bibliothèque universitaire.
Cote de l’ouvrage : UTBUFL 4051.
Homentsoa Lalaina
http://www.fonds-grandidier.mg/det_note.php3?id_article=31
Rainilaiarivony a eu de sa femme Rasoanalina (sa cousine) 19
enfants dont 11 garçons et 8 filles.
voir aussi En plein
quartier d'Ankadifotsy, à Antananarivo, se trouve un très
beau tombeau, celui de Rainimboay. Rainimboay est un officier
au service du Premier ministre Rainilaiarivony 1864-1895 sous
la reine Rasoherina.
|