Ivato, une localité à
deux communes
( Enquête du 17/10/2005 )
Parler d'Ivato sans mentionner l'aéroport international
qui y est installé serait un sacrilège. Pour bien
des gens, Ivato, une localité située à 15
Km, au nord-ouest du centre-ville d’Antananarivo est synonyme
d'aéroport, sans plus. En partant de Tanà, il existe
deux possibilités pour accéder à Ivato, soit
l’itinéraire passant par Talatamaty, Antanetibe,
Mandrosoa et Mamory, soit celui, bifurquant vers la droite au
niveau d’Ambohibao vers le côté nord, en passant
par Amboaroy, Ambohijanahary et Ankadindravola.
La pierre d’Andrianampoinimerina, à l’origine
d’Ivato
Comme tous villages, ou plutôt localité, pour ne
pas dire ville, Ivato a son histoire. Du temps de l'hégémonie
de la monarchie merina, Andrianampoinimerina, dans le cadre de
la campagne d’unification du pays qu’il a menée,
pour rappeler son pouvoir, a fait édifier deux pierres
au centre du village d’Ivato, dont l'une plus élevée,
symbolisait son pouvoir, et l’autre, de loin plus basse,
les habitants des lieux. Ces édifices ont été
appelés « pierres sacrées ».
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Jusqu’à ce jour, le lieu où elles se trouvent
sert toujours de site cultuel traditionnel. Ces pierres constituent
une des références sur l’origine du nom «
Ivato », signifiant texto « lieu de pierres ».
Une autre version fait allusion à l’assemblage des
mots « iva » et « ato » signifiant littéralement
« Ici c’est moins élevé ». Une
autre explication se rapporte à l’existence de la
première maison des lieux qui a été construite
sur un rocher, dont la traduction malgache est « vato ».
Dans les années soixante, alors que la base aérienne
était encore occupée par l’armée française,
Ivato, comme toutes les villes militaires, était surtout
marquée par l’abondance de prostituées. Quelquefois,
dans l’enceinte des « pierres sacrées »,
celles-ci s’adonnaient au culte d’exorcisme lors duquel
elles invoquaient par des chants et des danses, les âmes
de leurs ancêtres pour solliciter leur bénédiction
et la prospérité dans leur métier. Le rite
commence par l’égorgement d’un poulet dont
elles laissent couler le sang sur les deux pierres. Ensuite, elles
enduisent les pierres de miel, et y déposent les offrandes,
dont des friandises, des bananes et des bouteilles de rhum, servant
à la fois pour arroser les pierres et pour étancher
la soif des danseuses et des chanteuses. La cérémonie
s’animait davantage à mesure que les participantes
s’enivraient. Les danses et chants déferlantes se
terminaient le plus souvent en sanglots et en lamentations qui
n’avaient généralement plus grand-chose à
voir avec le rituel
Aujourd’hui encore, des gens, non seulement ceux d’Ivato,
mais de tout Antehiroka viennent y apporter des offrandes après
que les vœux qu’ils ont formulés devant les
« pierres sacrées » s’étaient
réalisés.
Deux communes litigieuses
Depuis le début des années 90, avec l’installation
des entreprises de « zone franche » qui ont recruté
, ainsi que le déferlement des policiers et des douaniers,
des activités commerciales sont nées pour répondre
aux besoins nutritionnels de ces travailleurs. Ainsi, les épiceries
qui sont souvent des lieux de désaltération, ainsi
que les restaurants ont foisonné, si bien qu’Ivato
est devenu aujourd’hui une localité commerciale.
Là où se trouvaient jadis les terrains vagues et
les forêts d’eucalyptus trônent aujourd’hui
des maisons d’habitation qui ne cessent d’envahir
les parties moins élevées situées au bord
des lacs.
Ivato, autrefois une commune unique, appelée « Firaisana
Ivato Aéroport » s’est scindée en deux
parties en 1995. De cette division sont nées deux communes
à délimitations distinctes. La première,
celle d’Ivato Fiarisana, comprend cinq fokontany : Mandrosoa,
Andafiavaratra Tanambao, Ambodirano, Ankadindravola et Ilaivola,
et la seconde Ivato Aéroport est essentiellement formée
du fokontany d’Ivato, à son tour divisé en
sept quartiers comprenant celui de l’aéroport et
du marché dont elle perçoit les ristournes. La commune
d’Ivato Firaisana, quant à elle, vit des redevances
des entreprises franches et de celles qui sont perçues
pour la délivrance de pièces d’état
civil.
Les locaux de ces deux communes sont installés dans une
même enceinte appartenant à l’église
luthérienne. Depuis le début de l’année
jusqu’à ce jour, la mairie d’Ivato Firaisana
a enregistré 208 mariages contre 13 seulement pour celle
d’Ivato Aéroport. Selon les dires des gens, pour
demander des pièces administratives, ils préfèrent
s’adresser au bureau de la commune d’Ivato Firaisana,
plutôt qu’à celui d’Ivato Aéroport,
du fait de la rapidité des services et de l’accueil
plus convivial chez la première. Dernièrement, la
commune d’Ivato Aéroport a sollicité l’intervention
du gouvernement pour déloger celle d’Ivato Firaisana
de l’enceinte appartenant à la FLM. Mais la lettre
officielle de la FLM stipulant que les deux instances administratives
peuvent jouir des lieux, elle n’a pas obtenu gain de cause.
L’aéroport d’Ivato et l’aviation civile
malgache
Avant d’accéder à l’aéroport
international d’Ivato, on passe entre deux excavations,
lieu où était installée autrefois l’aérogare.
A l’emplacement actuel des bâtiments principaux
se trouvait l’ancienne piste. Les lieux servaient de sépultures
des pestiférés. Avant l’aménagement
du premier terrain d’aviation, il a fallu déterrer
des centaines de cercueils de fortune, avant le commencement des
travaux. Parmi ceux-là, les fossoyeurs ont trouvé
un orné de dorures et de sculptures, mais qui ne comportait
aucune mention ayant permis d’en connaître le propriétaire.
L’aviation civile malgache était née avec
l’aménagement du terrain et des premiers bâtiments
aéroportuaires, en 1934. Le premier atterrissage d’un
avion sur le sol malgache avait eu lieu le 10 février 1927.
Parti du Bourget, en France, le 28 novembre, l’avion piloté
par le commandant Dagnaux, avait fait 23 escales à travers
l’Espagne, l’Algérie, le Sahara, le Niger,
le Tchad, le Congo, la Rhodésie, le Mozambique, avant de
parvenir à Tananarive. Mais avant cette liaison, le lieutenant
de vaisseau Bernard sur un hydravion Liore Olivier H 13, parti
de Berre le 12 octobre 1926, a réussi après 53 jours
de vols en 23 étapes, à joindre Tananarive où
il a réussi à poser son aéronef sur le lac
Mandroseza.
Au début, la ligne Paris-Tanà était desservie
par une compagnie aérienne appelée Air Afrique,
puis plus tard, Air France, Madair et Air Madagascar. Vers les
années 50, le voyage aérien Paris-Tanà s’effectuait
en cinq étapes via Rome, Le Caire, Khartoum, Nairobi, Dar
Es Salam, ou Rome, Le Caire, Khartoum, Djibouti, Dar Es Salam.
Ivato fait partie des zones périphériques d’Antananarivo
qui ont connu un développement rapide, essentiellement
par la création de diverses industries qui ont favorisé
les activités commerciales.
Sur le plan culturel Ivato présente une palette de religions,
tant traditionnelle que récentes. Différentes religions,
catholique, protestante FJKM, baptiste, Rhéma, Assemblée
de Dieu, pentecôtiste, luthérienne, et adventiste
s’y côtoient. En éducation, une profusion d’écoles
privées se sont ajouté aux 3 établissements
publics : les 2 EPP et le Collège d’enseignement
général. Pour l’éducation des jeunes,
la commune d’Ivato Firaisana a mis en priorité le
sport afin de les habituer à la discipline. Ivato dispose
de terrains de foot, de basket et d’une piscine, située
dans le camp de la base aéronavale.
Rivo Steph |