L'expansion du royaume
sakalava
Selon la tradition, les Sakalava regardent comme leur grand ancêtre
Andriamisara, fils d'Andriamandazoala, immigré venu de l'Est vers
le 15e siècle pour s'installer sur les bords de la Fiherenana.
Divinisé par son peuple après sa mort à Mahabo, où il est enterré,
Andriamisara est l'objet d'un culte toujours vivace.
Son fils Anfdriandahifotsy étend sa puissance, de la Fiherenana
jusqu'à la Tsiribihina, en combattant les aborigènes de la région,
les Antangondrotsy. II est considéré comme le vrai fondateur de
la dynastie sakalava.
Andriandahifotsy a comme héritiers Andriamanetiarivo et Andriamandisoarivo.
Le premier, connu aussi comme étant le fondateur de la dynastie
Volamena, règne sur le Menabe et agrandit encore plus le royaume
vers le sud, au-delà du Mangoky. Son cadet, Andriamandisoarivo,
lui, ira plus au nord, fonder le royaume du Boina et la dynastie
Maroseranana. Mais en partant, il prendra un peu du corps de son
père défunt qu'il conservera comme reliques dans une dent de caïman.
II fondera aussi Mahajanga.
Avec les successeurs d'Andriamandisoarivo (fin du 1 7e siècle),
la tribu sakalava du Boina atteint l'Extrême-nord de la Grande
île, après avoir soumis les Sihanaka et les Antakarana, les Antalaotra
formés d'Arabes venus du Mozambique et d'immigrants comoriens.
Le long conflit entre Merina et Sakalava
Depuis fort longtemps, le Menabe suscite la convoitise des souverains
merina.
En effet, dès qu'il termine la pacification et entame la réorganisation
de tout l'Imerina, Andrianampoinimerina tourne les yeux vers le
royaume des Sakalava du Sud, alors dirigé par le Roi Miakala (Andriantsoarivo),
d'ascendance hova, puisqu'il est issu des Tantsaha d'Ambohijanaka.
II faut dire que le grand monarque merina ne peut tolérer des
ennemis les Sakalava de surcroît, grands guerriers qui entretiennent
des relations avec les Blancs qui menacent sa souveraineté par
l'Ouest.
Fidèle à son habitude, il délègue des émissaires pour négocier
afin que Miakala accepte "d'être son enfant". Trois hommes se
portent volontaires pour mener à bien la mission, le Tsimahafotsy
Ralambotsimanahy et les Tsimiamboholahy Ralaimanisa et Rakelimbe.
II s'agit pour eux de transmettre le message ultimatum d'Andrianampoinimerina:
"Que ceux qui ne veulent pas être asservis s'approchent de moi;
je suis le "raiamandreny" qui ne trompe pas, le protecteur qui
ne vole pas, l'honneur sur qui reposent ses sujets".
Quelques chefs claniques sakalava acceptent de prêter allégeance
au Roi merina, montent à Antananarivo pour un traité de bon voisinage,
et jusqu'en 1810, quand Andrianampoinimerina tourne le dos, les
deux peuples vivent en paix.
En 1812, Miakala désigne son fils Ramitraho pour lui succéder.
Celui-ci doit aussitôt s'engager dans une longue lutte contre
ses deux frères Olitasy et Kelisambay. A peu près à la même période,
Radama I mène successivement quatre expéditions dans le Menabe.
Les deux frères vaincus se séparent, Olitasy rejoignant Radama
et l'accompagnant en Imerina, Kelisambay se retirant à Mavohazo.
Dans la première et la deuxième expédition, à un an d'intervalle,
Radama ne peut mettre la main sur Ramitraho qui arrive à le semer
en se déplaçant rapidement. C'est à cette époque aussi que le
Roi merina édicte une loi qui exige de tout homme qui se soustrait
au service militaire, le paiement de cinq piastres.La troisième
expédition, en pleine saison froide, est désastreuse pour Radama.
Car si ses hommes ne meurent pas à la guerre, l'armée est décimée
par la faim à force de suivre à la trace, à travers le Menabe,
le Roi sakalava.
C'est le moment choisi par Olitasy, qui craint les représailles
de son frère, pour passer dans le camp des HoJa. II sera d'ailleurs
d'une grande utilité pour Radama I. Connu alors sous le nom dé
Raholatra, il sert de guide à l'armée merina lors de la quatrième
expédition (1821-1822).
Kelisambay, de son côté, se réconcilie avec Ramitraho et fait
front commun avec lui contre les troupes de Radama. La guerre
se termine par la victoire de ce dernier, près de Mahabo, capitale
du Menabe. Victoire consacrée, comme on le sait, par l'union de
Radamà avec Rasalimo, la fille de Ramitraho, et par un traité
aux termes duquel les Hova peuvent commercer librement dans tout
le Menabe.
Mais tenace autant que souple et rusé, Ramitraho ne se tient pas
pour vaincu: en 1825, il fait molester parles soldats sàkalava
les colons merina envoyés par Radama. D'où la dernière expédition
envoyée par celui-ci. Devant la supériorité de l'armée hova, Ramitraho
rejette la faute sur un de ses neveux, mort dans une escarmouche,
et fait un nouveau geste de soumission au Roi d'Antananarivo auprès
duquel il envoie un ambassadeur.
Pourtant, sa rancœur n'est pas pour autant apaisée et éclate après
la mort de Radama en 1828. Aussitôt, il s'allie à nouveau avec
Kelisambay pour attaquer une seconde fois les colons merina: tandis
que son frère et ses hommes lynchent ceux installés plus au nord,
avec ses troupes, il s'attaque à ceux qui résident dans la région.
C'est au cours de cette longue bataille pour l'indépendance de
son territoire que Ramitraho trouve la mort en 1834. II prendra
alors le nom d'Andriamahatantiarivo, selon la coutume sakalava
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