Des expressions parfois au goût douteux
Etre atteint de certaines maladies comme la lèpre, de défauts
naturels comme la calvitie, ou d'un handicap physique ou moteur,
est mal vu. Du moins jadis, quand on les considère comme
une honte, pire comme une malédiction ancestrale sinon
divine.
Cela se voit à travers les proverbes ("Proverbes malgaches" de J.A. Houlder) qui ne ménagent guère les victimes de ces maladies, souvent mises au ban de la société.
Aza manao toy ny boka manjono: mifamitaka samy malama
Cite-t-on pour se moquer du pauvre pêcheur lépreux dont les mains sont aussi glissantes que le poisson qu'elles essaient d'attraper, parce qu'elles n'ont plus de doigts.
Totohondrim-boka, efa vita rahateo, fa hanainga no sisa
Pour préciser que les mains d'un lépreux, devenues des moignons, ressemblent souvent à des poings.
Boka mitohy rofia, ka manasaritaka ny efa milamina
Un lépreux voulant attacher des fils de raphia, ne réussit qu'à emmêler ceux qui sont déjà bien arrangés)
Boka mihinan-kitoza, ny fihinana no lavorary, fa ny manala ny kaka no ady mafana
Un lépreux mangeant de la viande boucanée, y arrive bien, mais le problème se pose quand il faut se curer les dents.
Les chauves sont aussi l'objet de nombreux proverbes.
Maro no sola, fa ny an-tsatro-mena no izy
C'est-à-dire que seuls les chauves coiffés d'un chapeau rouge sont respectés, allusion au fait que la couleur pourpre est celle qui distingue la famille royale
Totohondry diavolana, ny mazavaray ihany no voa
Quand il y a du grabuge au clair de lune, seuls ceux qui ont le front découvert et brillant, reçoivent les coups de poings, car on les voit mieux.
Sola homan-trafon-kena, ka any an-kibo no manao fito an-kila
Les Malgaches emploient de la graisse pour coiffer leurs cheveux. Ainsi, un chauve qui mange de la bosse de boeuf, très graisseuse, n'a pas besoin d'en réserver une partie pour se faire sept tresses sur chaque côté de la tête, une des coiffures les plus appréciées autrefois.
Didimaso mitomany, ka ny vava ihany sokafana dia vita
Un chassieux pleurant n'a qu'à ouvrir la bouche car il n'a plus besoin de verser des larmes
Vola mangalakatsaka, mody tsy mijery, kanjo mitily ny main¬damba
Un homme qui louche, voulant dérober du maïs, semble ne rien regarder alors qu'il cherche les épis déjà mûrs.
Kalon'ilay moana, am-po no mametsovetso
La complainte d'un muet, c'est dans son coeur qu'il la chante
AI a fa ditr'ilay moana, ka ampo no manisaina
Les exorcismes d'un muet, c'est dans son coeur qu'il les prononce.
Touchant les édentés
Aza mihambompo banga nify, ka tsy mitondra meso mandeha
Autrement dit s'il vous manque des dents, que l'amour-propre ne vous empêche pas d'emporter un couteau en voyage; car
Banga very antsy, ka ny kenda no ampoizina
Un édenté qui perd son couteau, ne peut s'attendre qu'à s'étrangler avec ses aliments; à moins que
Banga sendra vomanga, ka mifanena amin'ny antonona azy
Il ne trouve les patates, tendres et faciles à manger, ce qui lui convient.
Pour ce qui est des boîteux, les expressions sont également cocasses et quelque peu méchantes
Bingo mahafeno lalana
Un bancal remplit le chemin
Bingo manao matso, ka misalovana ny anjaran'nysasany
Un bancal qui veut participer à un défilé, ne fait qu'embarrasser les autres
Tsivaka marim-pandeha
Par contre ceux qui ont les pieds tournés en dehors, arrivent à bien marcher comme les soldats
Même chose pour les personnes aveugles
Lomanon'ilay Jamba, ka izay hidonan'ny loha no hiakarany
Un aveugle qui traverse une rivière à la nage, il montera sur la berge là où sa tête heurtera.
Jamba mitanin'andro, finaritry ny hafanany fa tsy mahita ny famirapiratany
Un aveugle qui se chauffe au soleil, est satisfait de sentir sa chaleur, mais ne peut voir son éclat
Jamba misikidy, mahita masoandro ho an'ny olona, fa tsy mahita mazàva ho an-tena
Un aveugle qui pratique l'art divinatoire, y voit bien pour les autres, et non pour lui-même
Lava volombava mizaha lanonana, ka ny alamaka ihany no maha-faingana a zy
Un grand barbu ou moustachu qui se prépare à aller voir des jeux populaires, sera plus vite prêt en lissant sa barbe ou ses moustaches à la main
Botry milaoka, ka tambavian-koman-kena
Un nain, bien qu'il mange de la viande avec son riz, reste chétif et rabougri parce qu'il est atteint d'une maladie infantile
Manita-draharaha toy ny situa misiaka
Augmenter son mal (son travail) comme un bec-de-lièvre qui siffle.
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