Une coutume mal comprise
Chaque pays a ses coutumes et ses usages que les étrangers ont
du mal à comprendre et à Madagascar, durant des siècles,
la loi de l'hospitalité veut que l'on meuble la solitude de l'étranger
de passage, en lui fournissant une compagne durant la durée de
son séjour. Une telle coutume est accueillie avec le consentement
total des voyageurs anonymes, trop contents de l'aubaine. Mais les missionnaires
et les diplomates voient la chose d'un autre oeil, considérant
une telle proposition comme scandaleuse.
En 1867, la reine Rasoherimanjaka part en villégiature à
Andevoranto avec toute sa Cour et une foule de curieux de plusieurs milliers
de personnes. De Toamasina, le consul d'Angleterre, M. Packenham, estime
l'occasion propice pour gagner les bonnes grâces de la souveraine.
Il lui demande la permission de présenter ses hommages. On le remercie
de ses intentions et on lui donne un rendez-vous.
Le consul se rend donc à Andevoranto avec plusieurs ressortissants
anglais au début du mois d'août 1867 il souhaite faire aboutir
des négociations relatives à la conclusion d'un traité
anglomalgache, en suspens depuis plusieurs mois, conséquence d'un
différend entre lui et le Premier ministre Rainilaiarivony.
La délégation anglaise reçoit un bel accueil avec
tous les honneurs qui lui sont dus. Mais au moment où elle doit
être présentée par la reine, il se produit un événement
que le consul n'a pas prévu.
Des invités scandalisés
En effet alors qu'elle reçoit les représentants de Sa Majesté
la reine Victoria, la souveraine malgache fait venir un groupe de danseuses
de réputation douteuse. Les visiteurs sont scandalisés au
plus haut point comprenant immédiatement pourquoi elles sont là.
Offensés de ce qu'ils considèrent comme un manque de respect
à leur égard, le consul Packenham et sa délégation
se retirent très vexés. La reine et son entourage sont très
étonnés ils pensaient leur faire passer quelques bons moments
en agréable compagnie durant leur séjour.
L'affaire ne s'arrête pas là. En effet, le consul anglais
riposte vigoureusement par écrit contre l'imposition d'une coutume
locale à des sujets de la reine d'Angle¬terre qu'ils représentent.
Par conséquent il leur est impossible d'accepter la présence
de femmes de petite vertu à cette audience.
Personne ne comprend le mouvement d'humeur du consul anglais. En effet,
lors du couronnement de Radama 11, quelques années auparavant,
toutes les jeunes filles et jeunes femmes de la Cour avaient été
réquisition¬nées pour tenir compagnie aux membres de
la délégation française. Le roi les avait même
obligées à s'as¬seoir sur les genoux de ces derniers
devant lui. Une seule princesse avait refusé de se plier à
ce caprice du roi et quitta la salle : l'accès de la Cour lui fut
interdit à partir de ce moment-là.
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