L’impureté chasse l'impureté".
Dans le centre de l'île, l'esprit malin est chassé avec de
l'urine, le mauvais esprit personnifie dans le "lolompaty" (revenant)
est chassé avec le balai qui sert, par ailleurs, à repousser
dehors les saletés et les excréments des volailles ou autres
animaux. Ailleurs quand, lors d'une cérémonie de changement
de nom, le parrain met de la bouse de vache (taimboraka) sur la tête
du filleul et lorsque les parents et allies se répètent
ce geste, ils se purifient. Lorsque on met du "taimboraka" sur
la tête des amants incestueux, c'est pour les purifier du mal commis.
Cette imposition purificatrice par la bouse peut être faite aussi
avec des branchages, des herbes sèches, tous résidus de
la vie végétale. L'emploi du "taimboraka", abject
comme tout excrément mais noble parce qu'il provient du boeuf,
dans diverses cérémonies purificatoires à Madagascar,
"se justifie en tant que seul immondice compatible avec la dignité
humaine".
Le "ziva"(allié à plaisanterie) ne se fait pas
faute de recouvrir aussi de branchages le cadavre de son allié
lorsqu'il vient lui rendre une dernière visite. Et il le traîne
vers l'ouest, direction impure. Ces divers rites ont pour but de salir,
de déprécier, d'insulter, mais faits par le "ziva",
ils acquièrent des effets contraires. Car l'allie fait tout à
l'opposé de ce qui devrait être normalement fait. "Ses
gestes sont interprétés à contrario: s'il déprécie,
c'est qu'il vénère; s'il insulte, c'est qu'il prie".
Ainsi, le rôle de l'insulte est primordial entre parents à
plaisanterie et, pour les Malgaches, le chien est la créature la
plus immonde qui soit. "Il y a vraisemblablement là une influence
arabe.
Quoi qu'il en soit, sa présence dans les cérémonies
religieuses est impensable". Et pourtant, c'est justement un chien
que se permet de présenter un "ziva"lorsqu'il est prie
d'assister à de telles cérémonies. "On a même
vu des ziva jeter un chien sur le corps de leur allié défunt".
Dans le langage grossier des "ziva ", c'est l'appellation de
"chien" ou "chien crevé" qui revient le plus
souvent. Une seule insulte, disent Antemoro et Sakalava, est prohibée
entre "ziva", c'est celle du "tay", excrément.
"C'est pourtant courant dans la bouche des Malgaches, et on l'entend
aussi bien prononcer entre gens de même classe d'âge qu'entre
générations différentes, que ce soit de parents à
enfants ou d'enfants à parents".
Par ailleurs, les "mpiziva"doivent employer entre eux un tutoiement
spécial, injurieux: "ialahy"entre hommes, "itena"entre
femmes.
C'est en principe, le tutoiement employé vis-à-vis d'un
inférieur quoique ialahy indique souvent aujourd'hui la camaraderie.
"C'est qu'entre camarades, entre alliés à plaisanterie,
il est de règle de s'injurier, de s'insulter". Cette faculté
de libre parler accordée aux "ziva"peut également
avoir un rôle secondaire. Il l’est lorsque l'allié
fustige la paresse, la pauvreté du "ziva" qui vient quémander
auprès de lui, il l’est encore chez les Kajemby à
l'occasion de la cérémonie du bout de l'an (handrobe) quand
les alliés à plaisanterie ridiculisent les parents du mort
que le chagrin empêche de profiter de l'abondance de nourriture.
C'est ainsi qu'au travers des insultes se fait parfois entendre la voix
du bon sens et d'une saine sagesse".
L'insulte du "ziva"a donc bien un rôle de purification.
Mais ses effets s'adressent à autrui et non à lui même,"
Il n’est purifié, ainsi que les siens, que par l'insulte
de ses alliés". Car la purification mutuelle se fait entre
"fatidra ". Lien du sang qui, selon le Dr Fontoynont, "présente
une particularité curieuse: en cas de maladie ou décès
de parents, c'est celui sur qui s'acharne l'adversité qui donne
la bénédiction au "sakatovo" (lié par le
fatidra). L'explication donnée est que le sang de ce dernier se
met en révolte lors des égarements du patient et provoque
des calamites dans son entourage. En donnant le "fafirano" au
partenaire valide, on apaise son sang ingurgité.
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