Les Vazimba qui, selon la tradition orale, auraient abordé l'île en des temps reculés, conservent tout leur mystère car l'histoire des origines malgaches reste une énigme, faute de preuves archéologiques. On s'accorde donc à penser que Madagascar a été peuplé par des migrations successives en provenance de l'aire malayo-polynésienne, indonésienne, d'Afrique, l'Inde et l'Arabie.
Vers 1300 : Le roi légendaire Andrianerinerina, grand ancêtre des rois Merina fonda son royaume à Anerinerina. Ses descendants se déplacèrent graduellement vers le centre de l'île.
1491: Ali-Tawarath, connu sous le nom de Ralitavaratra, un saint homme descendant de Juifs réfugiés en Arabie, décide de quitter ce pays avec sa famille et un groupe de fidèles, pour fuir le sultan de la Mecque qui voulait accaparer des objets sacrés dont ils avaient la garde depuis des générations, et ayant appartenu à Moïse le guide du peuple juif, à David roi d'Israël, et au prophète Daniel. Ils débarquèrent à Iharana (Vohémar) et y restèrent pendant un certain temps. Maîtrisant parfaitement l'art divinatoire et l'écriture arabe, ils quitteront cet endroit en 1495 pour s'installer, avec les précieux objets, à Matitanana (Vatomasina, au sud de Manakara) où ils vivront avec le Foko (tribu) Antemoro. Ses descendants seront connus sous le nom d'Antemoro-ANAKARA..
1500: Ralitavaratra parti en reconnaissance de tout le Sud et le Sud-Ouest du pays rencontre Andriamisara, le grand roi-devin ("Ombiasa") de tous les Sakalava. Les Anakara inventent le SORABE, parler malgache ("volan'Onjatsy") écrit en caractères arabes.
Abordé par des navigateurs portugais, Madagascar devient une escale sur la route des Indes orientales, avant d'exciter les convoitises européennes au XVIIe siècle.
Diego Dias aborde la grande île par hasard et l'appelle Sao Laurenzo (Saint Laurent).
1508: Chargé par le roi de Portugal, Manoel Ier, d'inventorier les ressources de l'île, Lopes de Sequeira constate que la côte orientale est dépourvue des épices tant recherchées. Les Portugais utilisent alors Madagascar comme escale d'avitaillement sur la route des Indes;dans les baies de Saint Augustin ( Sud-Ouest, Manafiafy (Sud-Est), baie d'Antongil (Nord-Est) et sur la côte Nord-Ouest.
1540-1575: Régne du roi Andriamanelo: c'est lui qui fit d'ALASORA le berceau de la Monarchie Merina, et qui édicta, avec les membres de sa famille, les règles de base devant régir la dynastie des rois de l'Imerina, et la consolidation de la nation malgache. Ces règles voulaient que son fils Ralambo, héritier du trône s'appuie sur les HAVAN'Andriana (ou famille royale connue aussi sous le nom de Andrianteloray), en l'occurence les membres de la famille d'Andriamananitany et de Rafotsindrindra Rasoavimbahoaka, respectivement frère et soeur d'Andriamanelo lui-même.
Le fils aîné de Ralambo s'appelait Andriantompokoindrindra: moyennant des accords spéciaux, ce dernier accepta de se soumettre à son frère. Andriamananitany eut un fils,
Andrianamboninolona
qui donna naissance à Ratsitohinina, future femme de Ralambo qui engendra Andrianjaka (comme de coutume, l'on fit procéder aux rituels pour enlever le tabou de cette union incestueuse). Pour raffermir son royaume, Andriamanelo donna sa soeur Rasoavimbahoaka pour femme à un vaillant chef d'une localité voisine dénommé Andriandranando.
Les descendants de ces trois personnes, Andriantompokoindrindra, Andrianamboninolona et Andriandranando désignent ce qu'on appelle Andrianteloray et qui perpétuèrent, avec Andriamanelo, la dynastie des rois et reines de l'Imerina, reconnus plus tard. Rois et Reines de Madagascar par les grandes puissances étrangères.
1552: Ne voulant pas mourir à Madagascar, Ralitavaratra s'assura que ses descendants étaient bien installés avant de retourner définitivement à la Mecque où il mourut plusieurs années plus tard, pour être enterré au Mausolée de Maroan, nom malgachisé en "Maroandry" et donné au tombeau des Anakara à Matitanana et à celui d'Andriamahazonoro à Ankadivato, plus tard à Antananarivo
1575-1610: Ralambo fut le premier roi à hériter d'Ambohitrabiby au nord, royaume de son grand-père Rabiby, et d'Alasora royaume de son père, et d'Imerimanjaka celui de ses grand-mères Rangita et Rafohy au sud (l'Avaradrano.et l'Atsimondrano). Les "sampy" ou "idoles" et "sikidy" ou "gris-gris" régissaient la vie quotidienne et les rapports sociaux de cette époque.
1610-1630: Son fils, Andrianjaka, ayant fait ses armes sur les roitelets environnants et sur la colline voisine d'Ambohimanga, chassa les Vazimba de la colline d'Analamanga et y fonda sa capitale ANTANANARIVO.
1638: Les Hollandais occupent l'île Maurice et profitent du départ des Portugais pour tenter d'inclure Madagascar dans le circuit triangulaire Le Cap (Afrique du Sud)-Maurice-Batavia. Ils fréquentent surtout la côte Est et la baie de Saint-Augustin, en quête des denrées et des esclaves indispensables à la colonisation de Maurice.
1642: Jacques Pronis débarque dans la baie de Manafiafy, dans le sud-est de l'île. Voyant les fièvres emporter ses hommes, il décide de transférer la colonie à la pointe Taolanaro, où le fort Dauphin est érigé en 1643.
1644: Les Anglais tentent, eux aussi, d'installer des colonies dans la baie de Saint Augustin (Tuléar) et dans l'île de Nosy Be en 1650, des tentatives ruinées en moins d'un an, les colons ayant été massacrés par les autochtones..
1648: Etienne de Flacourt, arrivé en compagnie de deux pères lazaristes, remplace Pronis à la tête de l'établissement.et repart en 1655 après avoir conçu un plan d'occupation, sans avoir pu mener à bien sa mission commerciale. Fort Dauphin périclite peu à peu, et en 1674 les derniers colons gagnent l'Ile Bourbon (La Réunion).
1675-1710: Le roi Andriamasinavalona réussit à rassembler l'IMERINA Ambaniandro 4 Toko constitué de Vakin'Ifanongoavana, Vakin'Antsahasarotra, Vakin'Ombifotsy et Vakin'Irangaina. Il apporta des aménagements à la hiérarchie des castes et plaça la lignée de ses descendants à la 2ème caste des ANDRIANA (nobles) sous le générique Andriamasinavalona. Il partagea de son vivant son royaume entre ses quatre fils pour que chacun en administre une partie: Andrianjakanavalomandimby à ANTANANARIVO (1710-1727), Andrianavalonimerina à AMBOHITRABIBY, Andriantomponimerina à AMBOHIDRATRIMO, et Andriantsimitoviaminandriana à AMBOHIMANGA (appelé Tsimadilo à l'époque). Erreur funeste car ses fils entreprirent de se faire des guerres fratricides. Celui d'Ambohidratrimo séquestra son père pendant sept longues années afin de se faire octroyer l'ensemble du royaume pour lui tout seul. Mais Andriamasinavalona tint bon, et à la fin, il put être secouru, par ruse, par ses fidèles.
1685: Les pirates de toutes nationalités qui écumaient l'Océan Indien firent de l'île Sainte Marie leur quartier général.
1710 -1730: Andriantsimitoviaminandriana fut le premier roi à régner à Ambohimanga. Devant la tournure des évènements créés par son frère à Ambohidratrimo, il choisit de soumettre son autre frère plus proche à Ambohitrabiby, et tint fermement les deux royaumes sous son autorité.
1727-1747: Andriampoinimerina, fils d'Andrianjakanavalomandimby succède à son père à Antananarivo
1730-1770: Le roi Andriambelomasina succède à Andriantsimitoviaminandriana à AMBOHIMANGA. Dès son plus jeune âge, il assura l'éducation de son petit-fils "au teint clair", né sous le signe astrologique d'Alahamady, le plus favorable qui soit, et auquel il prédit une destinée royale. Ce petit-fils, élevé au village d'Amboatany, sur la colline à côté d'Ambohimanga s'appelait Imboasalama, et deviendra plus tard le plus grand roi de Madagascar connu sous le nom d'Andrianampoinimerina, ou NAMPOINA en raccourci.
Ce dernier était né de l'union de sa fille RANAVALONANDRIAMBELOMASINA avec le roi d'Ikaloy, Andriamiaramanjaka.
1747-1767: Andrianavalonibemihisatra succède au trône de son père à Antananarivo.
1750: A la fin du XVIIe siècle, la population troquait esclaves, zébus et riz contre des fusils et autres produits manufacturés auprès des nombreux pirates et négriers européens.de la côte -Est. Ramanano, prince de Vatomandry, décidé à contrôler les meilleurs ports de la façade orientale, parvient à asservir ses voisins septentrionaux, mais suscite la révolte des "zana-malata" (mulâtres descendants de pirates). Ratsimilaho, fils du pirate anglais Thomas White et de la princesse Rahena, le chasse et se fait proclamer "roi des Betsimisaraka" (les nombreux solidaires, ou qui ne se séparent pas). Il prend le nom de Ramaromanompo, celui qui a plusieurs vassaux. Son royaume s'étend de Mananjary à la presqu'île de Masoala, mais il s'effritera bien vite après sa mort.
Sa fille, la princesse Bety vécut des amours tumultueuses avec le caporal Filet, dit "Labigorne" agent de la Compagnie des Indes, et céda l'île à la France.
1767-1774: Andriambalohery, son frère, lui succède à Antananarivo. Il ne régnera pas longtemps car il mourut de maladie, et n'eut pas droit à la "trano masina" (maison sainte) sur son tombeau à Anatirova..
1768-1771: Voulant faire de Madagascar une base de ravitaillement de leurs colonies mascareignes (La Réunion, Maurice et Rodrigue), les Français tentent de se rétablir à Fort Dauphin avec le Comte de Modave, puis en 1774-1786 dans la baie d'Antongil, avec Benyowsky (qui voulut y fonder une république utopique du nom de "Libertalia"), mais sans succès.
1770-1787: Andrianjafy, fils du roi Andriambelomasina et suivant le testament de ce dernier, hérite du trône d'AMBOHIMANGA, mais doit ensuite le léguer à Imboasalama. Cependant, ce roi Andrianjafy eut un fils dénommé Ralaitokana, qu'il voulut faire régner après lui. Pour ce faire, il usa de multiples stratagèmes pour assassiner son neveu Imboasalama, et mit son frère Andriantsimitovizafinitrimo au courant de son projet. Ce dernier, par respect pour la mémoire de son père (la tradition était encore orale, mais non écrite, donc "plus sacrée"), sauva son neveu Imboasalama en le prévenant en maintes occasions, actes qu'il paya de sa vie, car son frère Andrianjafy le fit assassiner. Mais les notables Tsimahafotsy d'Ambohimanga et Tsimiamboholahy d'ILAFY eurent aussi connaissance des funestes projets d'Andrianjafy, et choisirent de le destituer pour porter Imboasalama sur le trône suivant les recommendations de son grand-père Andriambelomasina.
1774-1794: Andrianamboatsimarofy, fils de Ramananimerina soeur d'Andriambalohery, est porté sur le trône d'Antananarivo.
2 mai 1787: Imboasalama accède au trône d'AMBOHIMANGA sous le nom d'Andrianampoinimerina. Les trois cousins, rois d'Ambohidratrimo, d'Ambohimanga et d'Antananarivo firent un pacte de non-agression et de vouloir vivre en paix en se donnant mutuellement des femmes pour épouses.
Andrianampoinimerina devait avoir Ravaonimerina, fille d'Andrianamboatsimarofy, et en contrepartie devait donner à ce dernier sa soeur, Ralesoka, pour épouse. Mais Andrianamboatsimarofy ne respecta pas la parole donnée, et donna sa fille au roi d'Ambohidratrimo. Décu et extrêmement fâché de cet "acte de provocation", Andrianampoinimerina fit la guerre à ses cousins et réussit à les vaincre après plusieurs assauts.
Comme son arrière-arrière-grand-père Andriamasinavalona qui eut douze femmes, le roi Andrianamponimerina.fit des mariages politiques en épousant plusieurs femmes qu'il plaça sur les "douze collines sacrées" de l'Imerina.
1792: Andriambalo (Antemoro telo mianaka) de retour de Mandritsara pour la propagation de l'art divinatoire passa par Ambohimanga et fit une prédiction selon laquelle Andrianampoinimerina réussirait à réunir tout l'Imerina.
1794: Après avoir chassé Andrianamboatsimarofy son cousin, Andrianampoinimerina s'installa à Antananarivo, réunit l'IMERINA 6 Toko sous sa seule autorité: Avaradrano, Vakinisisaony, Marovatana, Ambodirano, Vonizongo, Vakinankaratra..Il traça son objectif devenu un célèbre leitmotiv "Ny Ranomasina no valam-parihiko": ou la Mer est la limite de mes rizières. plusieurs roitelets commencèrent à se soumettre pacifiquement, d'autres par la guerre (Betsileo, Bezanozano...).
23 Sept. 1802: Andrianampoinimerina dépêcha auprès de Ravoajanahary, roi Antemoro d'Ivato-Matitanana, une délégation conduite par Andriamiray et Rainitsimba (originaires d'Ambohimanambola et d'Alasora) pour le prier de lui envoyer des devins compétents "Ombiasa" pour une durée qu'il ne voulut pas préciser. Cinq personnes furent désignés et trois castes Antemoro envoyèrent des représentants:
1- Imosa, des Zafimolajia
2- Ratsimezy, des Antesavana
3- Andriambita,
4- Ratsilikaina, l'aîné et son frère cadet
5- Andriamahazonoro, ces trois derniers étaient des Anakara, descendants de Ralitavaratra.
Ils furent reçus par Andrianampoinimerina le 17 Octobre 1802 pour être notifiés qu'ils résideront désormais à la Cour d'Imerina pour l'aider à réaliser l'unité du pays. avec l'aide du Conseil d'Etat réuni pour l'occasion: Hagamainty et son fils Rabemanantsoa, Andriantsilavonandriana et ses trois fils Ingahivony (futur Rainiharo), Rajery et Ratsimanisa, Hagafotsy et son fils Iantoandro, Ralala et son fils Rahaba,Ralainanahary, Rabasivalo (mari de sa soeur), Andriamambavola, Rakotonavalona, Andrianavalona (père des jumeaux Raombana et Rahaniraka), Rafaralahiandriantiana et son fils Andriantsitohaina.
1804: Aux incursions menées par les Sakalava du Menabe pour faire des razzias (de biens et d'esclaves) sur les hautes terres, Andrianampoiimerina ne répondit pas tout de suite par la guerre, mais envoya une délégation de 18 hommes comprenant les porteurs et 4 des 5 Antemoro) pour négocier avec le roi Mikala Andriantsoanarivo. Ce dernier reconnut l'autorité de NAMPOINA et lui fit rapporter 30 boeufs à deux teintes, noir et blanc, 3 esclaves (homme, femme et enfant) et une belle lance en guise de dons symboliques, marques de cette soumission (quoiqu'il continuait d'exercer l'administration de son territoire, car c'était la méthode d'Andrianampoinimerina).
1805: Nampoina demanda aux Anakara d'apprendre à son fils préféré, le prince Radama qui avait 13 ans, à écrire le "Sorabe" et les techniques de l'astrologie", mais d'abord, ils devaient "arranger astralement sa destinée" pour qu'il puisse un jour régner. Dorénavant, ce fils sera appelé par le nom de ILAIDAMA, d'après les astrologues. Il participera aus réunions du Conseil d'Etat et prendra part aux guerres de conquête et de pacification menées par le roi en pays Sihanaka et Betsimisaraka. Pour la première fois, Andrianampoinimerina traversa les lacs Rasoabe et Rasoamasay de Manambato cette année-là pour voir la mer et atteindre Toamasina (Tamatave) et Vatomandry en compagnie d'Andriamahazonoro. Dans cette dernière localité, à Vohiboahazo, il fit don d'un terrain dont la partie nord était pour Andriamahazonoro, et la partie sud pour Radama, "pour que vos descendants se souviennent éternellement de la bénédiction divine en nous léguant cette terre sainte", disait-il.
1807: Nampoina fit officiellement part au Conseil d'Etat de sa décision de nommer Ilaidama, fils qu'il eut de Rambolamasoandro, descendante de sa grand-mère Ramorabe reine d'Ambohidratrimo, comme seul et unique héritier du trône.
En récompense aux services rendus à l'Etat par les cinq Conseillers Antemoro dans l'unification du royaume, Andrianampoinimerina les fit élèver au rang d'Andriamasinavalona (et avec eux, la tribu Antemoro entière), avec tous les privilèges attachés à ce rang, en particulier le mariage d'Andriamahazonoro avec une femme de la famille royale.:
Les autres fils d'Andrianampoinimerina qui complotaient contre cette décision furent mis à mort: Rabodolahy, Ramavolahy dit "Somotra", et Ralainanahary à l'avènement de Ilaidama..
1810: Décès d'Andrianampoinimerina: il choisit
d'être enterré à Ambohimanga à côté de ses ancêtres. Plein de prévoyance,
il destina sa nièce Rabodonandrianampoinimerina comme épouse principale
de son fils Radama I. Sans attendre la fin du deuil national, normalement
d'une durée d'un an quand un roi "tourne le dos" ("miamboho", ou meurt ),
ce dernier, agé seulement de 18 ans, succède à son père et entreprend de
soumettre les Bezanozano à l'Est, les Betsileo à Ambositra, mène des expéditions
chez les Sakalava du nord ouest, et dans d'autres régions de l'île.
1815: La France cède l'Ile Maurice à la couronne d'Angleterre..Les étrangers n'avaient pas le droit de "monter" à Antananarivo à cette époque mais faisaient du commerce sur le littoral, en particulier à Toamasina (ou Tamatave).
Sept. 1816: Sir Robert Farquhar, Vice-Amiral et Gouverneur de l'Ile Maurice dépêche Mr Chardenoux pour sonder le roi sur les possibilités de coopération entre les deux pays. En reconnaissance de cette heureuse initiative, Radama I accepte de lui confier ses deux jeunes frères, Ratafika et Rahova, pour être éduqués à Maurice par Mr. James Hastie, "sergeant" anglais du 56ème Régiment de l'armée de l'Inde, héros de la "Mahratta War", né en 1786 à Cork en Irlande.
04 Février 1817: Le Gouverneur de Maurice envoie son émissaire, le Capitaine Lesage avec 30 instructeurs militaires anglais, pour faire signer le premier traité international entre le Royaume de Madagascar et le Royaume britannique. Celui-ci comportait 8 articles portant sur l'amitié entre les deux peuples, le commerce et la libre circulation en mer. Au terme de cette mission, le capitaine Lesage laisse auprès du roi les instructeurs militaires dirigés par deux Officers anglais, Craden et Brady, pour former son armée. C'est à partir de cette date que Radama I fait recruter des jeunes de familles aisées qui peuvent subvenir aux frais de leur formation militaire pour devenir Officiers de son armée (d'où le nom malgache "miaramila", avoir besoin ensemble).
Juin 1817: James Hastie raccompagne les deux jeunes frères du roi avec Mr Pye, Consul d'Angleterre nommé à Toamasina. Il est lui-même nommé par Sir Robert Farquhar Représentant Résident de la Couronne d'Angleterre à Antananarivo..
23 Octobre 1817: Radama I accepte de signer avec Sir Farquhar un traité mettant fin à la traite des esclaves, qui constituait pourtant la ressource principale du royaume, mais à terme, une pratique qui viderait l'île de ses habitants, assurait ce Gouverneur anglais. Il était un "friends" de la FFMA (Friends Foreign Mission Abroad), ou "Quaker" de religion, qui luttait pour l'abolition de l'esclavage dans l'empire britannique.. En compensation, l'Angleterre fournira annuellement au roi une somme d'argent, des fournitures et équipements pour l'armée, afin que son peuple puisse s'adonner en toute quiétude à la culture, sans craindre les " voleurs d'hommes".
Malheureusement, profitant des longues vacances que Sir Farquhar devait prendre en Angleterre, son remplaçant, le Général Hall, subjugué par les esclavagistes propriétaires de plantations à Maurice coupa les subsides, rappela l'ambassadeur James Hastie en Juillet 1818 et dissuada les missionnaires de la London Missionary Society (LMS - association créée à Londres en 1795), le couple David Jones et le couple Thomas Bevan de venir à Madagascar, ce qu'ils firent pourtant le 18 Août 1818: ils s'installèrent d'abord à Toamasina..
Dépité de cette 'fourberie anglaise" et rempli de honte devant ses sujets, Radama I laissa le florissant commerce d'esclaves reprendre de plus belle.
1818: Le sergent Robin, un français de la Réunion, d'origine jamaïcaine, est reçu par Radama I et engagé pour être son précepteur, et enseigner le français aux jeunes filles nobles et aux employés de la Cour.
03 Octobre 1820: Sir Farquhar, de retour d'Angleterre, envoya de nouveau James Hastie auprès de Radama I, accompagné du Révérend David Jones qui fonda la première église chrétienne à Antananarivo.
11 Octobre 1820: Signature de nouveaux accords de coopération: cessation de la traite d'esclaves, formation de cadres en Angleterre, envoi de 20 jeunes étudier différents métiers, formation des musiciens de la première fanfare royale et formation de 50 marins à bord de navires de guerre anglais à Maurice.
20 Octobre 1820: Départ de la première ambassade malgache en Angleterre, conduite par Ratefinanahary (gendre du roi Andrianampoinimerina) et Andriamahazonoro pour accompagner les 9 premiers cadres à être formés par la London Missionary Society en Angleterre pendant neuf ans, et développer auprès de sa Majesté britannique, le roi George IV l'esprit du traité conclu avec Sir Robert Farquhar.
Radama I fit remettre aux Directeurs de la LMS un message personnel leur faisant part de son accord pour l'implantation de la mission à Madagascar, et leur demandant d'envoyer un grand nombre de missionnaires pour la propagation de la religion et de l'enseignement dans son pays
Les neuf premiers cadres envoyés étaient: Rahaniraka, Raombana, Razafinkarefo, Ravarika, Raolombelona, Andrianaivo, Rakotomavo, Ramboa, Andriantsiory.
1821: L'armée (ou "foloalindahy", les cent mille hommes) de Radama I, bien encadrée, comptait déjà 14.000 hommes. En plus de l'arrivée de missionnaires religieux (David Griffiths, Joseph John Freeman, l'autre David Johns, Edward Baker) à Madagascar, il y eut aussi d'autres artisans européens qui s'installèrent à Antananarivo pour enseigner différents métiers: Thomas Brook, menuiserie, Thomas Rowlands, tissage et filature, John Canham, maroquinerie et cordonnerie, George Chick, ferronnerie, Kitching, imprimeur, et plus tard Louis Legros, architecte, James Cameron, ingenierie: verrerie, scierie, topographie, savonnerie, Muris, couture, Carvaille, ferblanterie
1822: Radama I, appelé par les missionnaires "Radama le Grand", installa des garnisons dans les régions pacifiées, sous le commandement de Gouverneurs, Officiers de la haute noblesse: Rafaralahiandiantiana XI Voninahitra (Vtra, en abrégé), son beau-frère à Mahavelona (Foulpointe), Rabemanantsoa VIII Vtra à Midongy, Razatovo IX Vtra à Iharambazaha (Vohémar, 1825), Ratefinanahary XI Vtra son beau-frère à Mananjary en 1824, puis àToamasina en 1825), Ramanetaka XI Vtra, son cousin à Majunga en 1824, Ramarosikina IX Vtra à Beseva en 1824, Ramananolona XI Vtra, son cousin à Fort Dauphin en 1825, qui y expulsa les français abrités dans le fort de cette localité, Rasatranabo à Manandaza,Andriantsarabika à Vohipeno, Matitanana en 1825...
Il mena une expédition à Toamasina, Foulpointe, Pointe à Larrée, Tintingue, pour mettre en garde la petite colonie française installée sur la côte Est menée par Sylvain Roux, que "le sol de Madagascar appartenait au roi", et que"les étrangers n'avaient pas le droit d'accaparer des terres, mais pouvaient librement faire du commerce dans toute l'île". Il chargea le roi Betsimisaraka, Jean René (qui signa un traité avec lui sous l'égide du Gouverneur de l'île Maurice) de pacifier les tribus du Sud Est, de Mananjary à Fort Dauphin, et continua lui-même en 1824 à mener une expédition pour soumettre le roi Andriantsoly, chef Sakalava du Boina au nord-ouest, qui s'enfuit au Zanzibar puis à Mayotte (Comores) où il deviendra le Sultan de cette île.
11 Décembre 1822: Le roi decréta que l'alphabet latin servira désormais comme alphabet officiel à Madagascar, la grammaire malgache ayant déjà été achevée d'être codifiée par 12 érudits malgaches aidés des missionnaires protestants
1823: Naissance du fils de Radama I et de Rasalimo appelé Itsimandriambovoka que Rambolamasoandro, mère du roi fit tuer pour assurer sa succession par Rakotobe son petit-fils de par sa fille aînée Rabodosahondra.
08 Octobre 1826: Décès de James Hastie, l'homme qui fit faire un bond spectaculaire aux relations de Madagascar avec les Occidentaux, et que les malgaches.appelaient affectueusement Andrianasy.
Radama I° rompit le tabou de ses ancêtres qui interdisait au souverain tout contact avec la mort et les rites funèbres: il assista aux cérémonies religieuses et fit tirer des salves de canon toutes les quinze minutes jusqu'à l'ensevelissement du corps, en l'honneur de ce grand ami, éminent Représentant de la Couronne britannique.
04 Décembre 1827: Le livre de la Génèse de la Bible traduite en malgache fut le premier ouvrage imprimé à Madagascar, avant les livres servant à l'enseignement par
Charles Hovenden, E. Baker, James Cameron. La Bible entière fut terminée en 1835
27 Juillet 1828: Décès de Radama I°, succombant à une longue maladie. Son tombeau fut construit en dix jours dans l'enceinte même du Rova d'Analamanga. En témoignage de leur affection pour le roi, les représentants des étrangers (missionnaires et laïcs) demandèrent à porter le catafalque d'argent du Palais de Besakana au tombeau le 13 Août, jour de l'enterrement.
31 Juillet 1828: Le Dr Lyall, nouvel Ambassadeur anglais succédant à James Hastie n'a pas pu rencontrer le roi avant sa mort. Rabodonandrianampoinimerinal'informe qu'elle ne reconnaît pas les engagements pris par son prédecesseur avec les Anglais et refuse son accréditation à Antananarivo.
Celui-ci, avec sa famille, par peur de la malaria à Toamasina attend l'hiver à Antananarivo avant de rentrer à Maurice le 29 Mars 1829, chassé par les serpents de l'idole Ramahavaly:il y mourut quelque temps après son retour.
Dès le 02 Août 1828, Rabodonandrianampoinimerina
(intronisée plus tard sous le nom de Ranavalona I le 01 Juin 1829 à cause
du deuil royal) entreprend de faire exécuter les membres de la famille du
roi défunt qu'elle craint le plus de déstabiliser son règne: le prince Rakotobe
(fils de Rabodosahondra, sa soeur) à qui Radama I destinait sa succession
avant la naissance de sa fille Razanakinimanjaka (ou Iketaka) qu'il eut
avec la princesse Sakalava Rasalimo, une cousine éloignée de par son arrière-grand
père Andriambelomasina, fille duroi Ramitraho. Mais il changea ensuite de
disposition et décida qu'il lui donnerait celle-ci en mariage pour qu'ils
règnent tous deux ensemble, étant entendu que la souveraineté réelle et
totale n'appartiendrait qu'à sa fille Iketaka. Furent ensuite assassinés:
Rambolamasoandro
(lire l'article Les dernières heures de Rambolamasoandro)
, mère de Radama I°, sa soeur Rabodosahondra, Ratefinanahary son beau-frère époux de
Rabodosahondra, Ralala son fidèle ami et Grand Juge, son cousin Ramananolona
Gouverneur de Fort Dauphin. Rafaralahiandriantiana son beau-frère, époux
de Ravaozokiny, Gouverneur de Foulpointe, Razafinintaolo soeur de Rasata
et petit neveu du roi,. Son autre cousin Ramanetaka, Gouverneur à Majunga,
fut assez malin pour s'enfuir avec sa famille à Anjouan avant l'arrivée
des tueurs. Quelques temps après, il deviendra Sultan de cette île des Comores
sous le nom d'Abderrhaman.
05 Avril 1829: Ranavalona I réunit les missionnaires à Ambodinandohalo pour les prévenir que, s'ils n'ont plus rien de nouveau à apprendre aux malgaches, ils peuvent rejoindre leurs familles "qui doivent les attendre avec nostalgie" en Angleterre.
13 Octobre 1829: Ayant appris l'affaiblissement du dispositif de défense de Mahavelona (Foulpointe), le Commandant français Gourbeyre, avec une flotte de 6 navires, débarqua les 1.200 soldats Yolofs de Sénégambie amassés depuis longtemps à SainteMarie pour attaquer et détruire les batteries de la côte Est, d'Ivondrona à la Pointe à Larrée et Tintingue.
29 Mai 1831: Premier baptême de 20 protestants à Ambodinandohalo,dont Rasalama la première femme martyr de Madagascar
sagayée en 1837. Une semaine après, 25 autres baptisés.
05 Juin 1831: Première communion protestante ("Fandraisana") des 45 premiers baptisés.
03 Novembre 1831: Jean Laborde, un gascon français de25 ans (né à Auch en 1806, fils d'un maréchal ferrant) fait naufrage au nord de Fort Dauphin. Il est recueilli quelque remps après par Napoléon De Lastelle, un autre français (breton de Saint Malo) employé du Comptoir Rontaunay de Bourbon installé depuis 1825 à Mahela, sur la côte Est. Comme ce dernier est connu de la reine, et ayant découvert rapidement les nombreux "talents"de Jean Laborde, il n'hésite pas à l'envoyer à Antananarivo et à l'introduire auprès de Ranavalona I pour qu'il fabrique localement les armements et d'autres produits dont elle avait tant besoin (fusils, balles, canons, poudre, savon...). Ce qu'il réalisera, aidé de M. Droit, à l'usine et la fonderie créées à Ilafy et à Mantasoa..
26 Février 1835: La progression trop rapide de l'influence étrangère sur la population fait réfléchir la reine et son époux Rainiharo, Commander in Chief faisant aussi fonction de Premier Ministre. Craignant que la religion et l'enseignement ne leur servent que de prétexte pour coloniser le pays et son peuple, Ranavalona I demande à tous les missionnaires (ils étaient tous protestants) de quitter Madagascar. Les biens de quelques uns sont confisqués. Les commerçants ne sont pas touchés par la mesure et peuvent rester.
01 Mars 1835: Kabary (discours public) de la reine à Mahamasina, au cours duquel elle interdit à son peuple "de prier les ancêtres des étrangers", c.a.d. la pratique de la religion chrétienne sur tout le territoire. Les contrevenants seront persécutés.
03 Juillet 1836: Le gouvernement de Ranavalona I envoie une ambassadede sept personnes en Europe, dirigée par Andriantsitohaina 9 Voninahitra, et composée de Andriantseheno 8 Vtra, Ramanankoraisina 8Vtra,, Ranera 7 Vtra, Raharolahy 8 Vtra, Rasatranabo7 Vtra, et Razedaoro faisant fonction de Chambellan, pour expliquer les décisions prises à l'encontre du diplomate anglais et des missionnaires de la London Missionary Society. L'ambassade séjourna à Londres du 09 février au 19 Mars 1837 et fut reçue par le Chef du Foreign Office, The Right Honorable Vicount Palmerston, puis par le roi William IV et son épouse la reine Adelaïde le 01 Mars, accompagnée de J.J. Freeman un ancien missionnaire de Madagascar.
Sur le chemin du retour, l'ambassade est reçue à Paris par le roi de France Louis Philippe (séjour du 19 Mars au 22 Avril 1837)..
14 Août 1837 : La fureur de la persécution est terrible.Rasalama, première martyre, fut sagayée à Ambohipotsy. Rafaralahy Andriamazoto périt de même le 19 Février 1838. D'autres sont brûlés vifs, ou mis dans des sacs de jute et jetés du haut de la colline d'Ampamarinana.
1839: Après le départ des missionnaires anglais, Jean Laborde a toutes les prérogatives auprès de la reine (pendant 25 ans: de 1832 à 1857), et introduit à la Cour les "raffinements" de la mode française: vêtements, musique, bals... Ecoutant les conseils de ses Ambassadeurs de retour d'Europe, Ranavalona I fit construire par Jean Laborde le "Palais de la Reine" Manjakamiadana, le plus grand et le plus bel édifice (avec étage) jamaisconstruit à Madagascar à cette époque.
14 Juillet 1840: Les îles Nosy Komba et Nosy Be, ainsi que le territoire allant de la baie d'Ampasindava au Cap Saint Vincent sont placés par la jeune princesse Sakalava, Tsiomeko, agée seulement de 13 ans, sous la protection du Gouverneur de l'île Bourbon (LaRéunion)..
En 1841, le roi Antakarana Tsimiharo place également les territoires d'Ankara, Nosy Mitsio et Nosy Faly sous protectorat français.
25 Avril 1841: Le prince sakalava Andriantsoly et le capitaine PierrePassot, envoyé du Gouverneur de la Réunion, signent l'acte de cession de Mayotte à la France moyennant une rente annuelle de $1.000 (5.000 Francs de l'époque).
13 Mai 1845: Pour freiner l'ardeur des français qui veulent occuper illicitement les terres, Ranavalona decrète des mesures mettant tous les étrangers sous le même régime que les nationaux vis-à-vis des lois du pays: épreuve par le tanguin (absorption de poison) pour rendre le jugement contre la sorcellerie ou les complots contre l'Etat, dépossession de biens en cas de délits ou crimes, réduction de toute la famille à l'esclavage en cas de non paiement de dettes ou escroqueries, etc....
15 Mai 1845: Les Gouverneurs de Maurice et de la Réunion, par réaction, envoyent le Capitaine William Kelly et l'Amiral Romain Desfossés avec leurs flottes bombarder Toamasina, faisant 200 morts et 200 blessés chez les malgaches, 16 morts chez les français, et 4 chez les anglais.. Les têtes coupées des assaillants sont pendues sur des perches et plantées sur la plage. Pour protester contre cette "inqualifiable agression", Ranavalona I fait fermer tous lesports de l'Ile, chasse les européens et interdit tout commerce avec l'extérieur. Seuls restaient à Madagascar Jean Laborde et Napoléon De Lastelle, ce dernier mourra dans la misère à Toamasina en 1856.
06 Décembre 1848: Le Commandant en Chef des Forces Navales Françaises de l'Océan Indien, Mr. F. Des Pointes, de passage à Toamasina, envoie un message au jeune prince Rakotondradama, fils unique de Ranavalona I qui n'avait que 19 ans, pour l'inciter à accepter de signer un accord avec les Français, en vertu duquel ces derniers l'aideraient à obtenir le trône pour mettre fin au "règne barbare et sanguinaire" de sa mère (le nombrede chrétiens tués avoisinaient déjà les 3.000). Après quoi, ils placeraient Ranavalona I simplement comme "reine-mère" sans attenter à sa vie.
10 Février 1852: Décès de Rainiharo Commander in Chief et époux de la reine. Ranavalona I fit construire par Jean Laborde le plus grand et le plus somptueux monument funéraire de l'époque (bâti pendant huit années: de 1844 à1852), et lui organisa des funérailles grandioses jamais vues auparavant. Son fils Raharo (connu sous le nom de Rainivoninahitriniony) lui succède.
07 Juin 1853: Le Rév. William Ellis de la LMS et James Cameron arrivent à Maurice, et les commerçants anglais profitent de leur venue à Madagascar pour leur remettre une lettre demandant à Ranavalona I la reprise des transactions.commerciales. Celle-ci leur fit connaitre ses conditions:
1°) paiement de $15.000 en dédommagementde l'attaque subie en 1845, et
2°) acceptation par les commerçants étrangers qu'ils n'ont pas droit à la possession du sol.
Ces conditions furent acceptés et le montant de l'indemnisation remis par James Cameron et M. Mangeot à Toamasinale 10 Octobre 1853, date de la réouverture des ports malgaches aux étrangers.
1854: Le prince héritier Rakotondradama, encouragé par Jean Laborde et De Lastelle, envoie une lettre à l'Empereur desfrançais Napoléon III, demandant son aide pour détrôner sa mère. L'Empereur ne donna pas suite à cette demande.
28 Juin 1855: François Joseph Lambert, né en 1824 à Redon, Ile et Vilaine - France, était négociant à Maurice marié à une "créole", et co-propriétaire du navire "Le Mascareigne" transportant du bétail et des"engagés volontaires" (en fait, des esclaves, ainsi appelés pour "contourner" les clauses des traités sur l'abolition de l'esclavage) du Mozambique et de Zanzibar à Maurice. Napoléon De Lastelle fit appel à ses services pour ravitailler la garnison de Ranavalona I baséeà Fort Dauphin. Ce qui leur valut d'obtenir la faveur d'une visite à la Cour d'Antananarivo pour Lambert, accompagné d'un Jésuite, le père Finaz qu'on présenta sous la fausse identitéde Mr Hervier, comme secrétaire de Lambert.
Par de nombreux présents "provenant de Paris", Joseph Lambert eut vite fait de soudoyer des gens de la Cour, et en particulier le jeune Rakotondradama, prince de 26 ans, qui devint son "fatidrà"(frère de sang). Lambert lui fit signer un accord secret lui octroyant d'énormes concessions sur la côte Est, en échange de l'aide hypothétique de l'Empereur Napoléon III qui ferait venir les capitaux et les compagnies françaises pour assurer le développement du pays.
19 Septembre 1856: Le Docteur Milhet-barabie arrive à Antananarivo pour opérer le nez de Rainimanonja XIV Vtra (frère de Rainijohary ancien courtisan de la reine) et soigner un petit groupe de malades. Jean Laborde en profita pour introduire avec lui à la Cour deux pères catholiques déguisés en civil, sous de faux noms aussi: le père Jouen appelé Mr Duquesne (soi-disant assistant du docteur), et le père Webber appelé MrJoseph (soi-disant pharmacien).
30 Mai 1857: Parti en 1856 pour la France et l'Angleterre avec la fameuse lettre signée du prince Rakotondradama, en quête de fonds pour réaliser son projet, François Joseph Lambert ne réussit à convaincre ni les privés, ni les gens du gouvernement anglais et français. Il rentra bredouille à Antananarivo accompagné de la romancière autrichienne, Ida Pfeiffer. D'où, l'idée de complot à mener localement pour détrôner Ranavalona I avec la complicité de Jean Laborde, Clément Laborde, les pères Finaz, Webber, et Jouen, et avec la participation du Commander in Chief, Rainivoninahitriniony, son jeune frère Rainilaiarivony, et les Officiers de Palais (ODP) Rainingory 14 Vtra, Andriantsitohaina 14 Vtra, Rainizakamahefa 13 Vtra, Andrianaivodofotra 13 Vtra,Andrianarosy13 Vtra,, Ratsirahonana 12 Vtra, Rafaralahijongy 10 Vtra, Ratafika10 Vtra. La date prévue pour le coup d'état était le 20 Juin 1857. Au dernier moment, Rainilaiarivony réussit à persuader son aîné d'abondonner ce projet "dont la réussiteétait incertaine": ils en informèrent les conjurés, et le complot échoua.
Mais, Ranavalona I, ayant eu vent du complot par d'autres sources, fit subir l'épreuve du tanguin aux Officiers de Palais impliqués le 21 Juin, et tous y survécurent.
Tandis que pour les étrangers, on les remplaça par des poulets qui avalèrent le breuvage à leur place: tous les poulets moururent à l'exception de celui du père Webber et la reine expulsa tous les étrangers de Madagascar.
16 Août 1861: Décès de Ranavalona I. Elle choisit avant sa mort d'être enterrée auprès de ses ancêtres à Ambohimanga. Sa disparition suscite des réactions partagées: une "délivrance" pour les chrétiens persécutés, une figure de "grande nationaliste" pour le parti conservateur.
18 au 22 Août 1861: Procès des conspirateurs contre l'avènementde Radama II menés par Ramboasalama, neveu et fils adoptif de Ranavalona I, auquel elle promit le trône avant d'avoir engendré son propre fils, Rakotondradama. Tous les coupables sont exilés dans des villes lointaines. Le 01 Septembre, une amnistie générale est accordée à tous ceux qui ont subi des condamnations pour cause de religion. La mission catholique est autorisée officiellement à exercer à Madagascar ce même mois.
27 Septembre 1861: le Colonel Middleton est envoyé par le Gouvernement anglais tandis que l'Empereur de France Napoléon III envoie Mr Brossard à la mi-Octobre pour les représenter à l'avènement de Radama II comme nouveau souverain du Royaume de Madagascar.
09 Novembre 1861: Radama II renouvelle l'accord secret conclu avec Lambert en 1855, connu sous le nom de Charte Lambert. Il fait signer avec lui Rainiketaka 13 Vtra, Andriambaventy ou Chef des Nobles, Rahaniraka,Doyen chargé des Affaires Etrangères, et Rainilaiarivony nouveau Commander in Chief, Rainivoninahitriniony devenant officiellement Premier Ministre. Joseph Lambert crée la Compagnie de Madagascar pour réaliser ses projets.
08 Août 1862: Arrivée du premier Evêque anglican, M.Rayan, avec le Général Johnstone et le Capitaine Anson.Il décidera l'envoi de missionnaires de la S.P.G. (Society for the Propagation of the Gospel) dans l'île.
12 Septembre 1862: Le Commandant Dupré, nommé Consul par Napoléon III signe le nouveau traité d'amitié franco-malgache, tandis que le 05 Décembre 1862, le traité anglo-malgache est signé par Mr. Packenham, Consul anglais résident à Toamasina.
Dans son euphorie de vouloir tout faire à l'opposé de sa défunte mère, Radama II suscite rapidement le mécontentement des tenants de la tradition et des grands du royaume lorsqu'il supprime les privilèges, la corvée, les droits de douane (principale ressource du gouvernement) pour accélérer la pénétration des produits étrangers, en menant une vie "teintée de luxure"aves ses jeunes amis, les "Menamaso"(ou les yeux rouges), ou en introduisant la pratique du "duel" à Madagascar. Les Officiers ayant signé l'arrestation des Menamaso fugitifs étaient tous au grade de 16 Voninahitra: en sus du P.M. et du Commandant en Chef, Rainingory, Rainizakamahefa, Rainijohary, Rahandraha, Rainimanonja,et Ravahatra (Chef des Nobles).
11 Mai 1863: Radama II est assassiné par étranglement et ses amis les Menamaso éliminés aussi.
Son épouse, Rabodozanakandriana accède sur le trône sous le nom de Rasoherina. Toutefois, et pour la première fois depuis l'existence de la royauté, le pouvoir du souverain cesse d'être "absolu" (auparavant, les rois tenaient leur pouvoir uniquement des ancêtres et des divinités).
25 Mai 1863: Signature de la charte par laquelle la reine s'engage, entre autres, à:
- ne plus prononcer la peine de mort sans l'assentiment des hauts fonctionnaires (Juges) et les Chefs du peuple;
- ne plus prononcer de lois sans le consentement des autorités;
- ne jamais licencier l'armée
Les traités signés par le défunt Radama II, dont certains articles sont au détriment de l'Etat malgache, doivent être renégociés à l'avènement de la nouvelle reine.Rainilaiarivony dénonce la Charte Lambert et propose à son bénéficiaire d'y apporter des aménagements. L'entrée des européens demeurait interdite dans les trois "villes sacrées": Ambohimanga, Ambohimanambola, et Amparafaravato.
15 Août 1863: Premiers baptêmes catholiques à Andohalo:les premiers récipiendaires étaient constitués de17 esclaves.
01 Novembre 1863: Baptême de 6 membres de la famille de Rainilaiarivony, dont sa nièce Victoire Rasoamanarivo, grande défenseuse de la foi chrétienne, après l'expulsion des Français lors de la guerre franco-hova de 1883-1885.
16 Novembre 1863: Rasoherina envoie un Ambassadeur, RainifiringaXIII Vtra, négocier auprès de Napoléon III la conclusion d'un nouveau traité régissant les relations franco-malgaches. Ce dernier fait comprendre qu'un tel traité dépendra de la suite donnée à la Charte Lambert par la partie malgache. L'Ambassadeur continue sa mission en Angleterre et rentre avec un projet de traité rédigé par le Comte Russell dont la touche finale sera apportée par le Consul Packenham le27 Juin 1865.
14 Janvier 1864: Consécration de 24 jeunes filles catholiques pour recevoir la sainte Eucharistie (première Communion), dont Victoire Rasoamanarivo.
18 Mai 1864: Le P.M. Rainivoninahitriniony est destitué pour avoir proféré des insultes à la reine et enfreint la charte du 25 Mai 1863 en décidant seul de tuer les partisans du défunt Radama II (qui prétendaient le ressusciter et le faire revenir au trône). Rasoherina le remplace par son frère cadet, Rainilaiarivony qui cumule, pour la première fois, les fonctions de Premier Ministre et Commander in Chief. Il apportera rapidement, avec l'appui de la reine devenue son épouse, des innovationsdans toutes les sphères de la société et de l'Etat: administration, armée, religion, finances, législations...Plus tard, Rainivoninahitriniony, convaincu d'atteinte à la sûreté de l"Etat, est envoyé par Rainilaiarivony en exil à Ambohidrainandriana (Manazary, Antsirabe)
La France envoie un ultimatum: au gouvernement malgache, lui enjoignant soit de payer une indemnisation de 1.200.000 FF ou $ 240.000 en échange de la Charte Lambert, soit la France prendra en possession tout le territoire situé au nord du 16è parallèle, en plus des domaines de Soanierana et de Soatsimanampiovana donnés en jouissance à Jean Laborde par Ranavalona I.
05 Janvier 1865: Pour faire preuve de bonne foi, la reine Rasoherina accepte de payer, afin de ne pas envenimer les relations avec la France et garder l'intégrité du territoire. Rainilaiarivony réunit l'argent, contenu dans 86 barils pesant 12 tonnes, et le montant est remis par Raharolahy, Gouverneur de Toamasina, au Capitaine Tricault, Chef de la Division Navale des Côtes orientales, représentant français en échange de la Charte Lambert qui est brûlée sur le rivage de la côte Est devant toute la population et les représentants étrangers.Ce paiement effectué, on choisit en France d'envoyer le Comte de Louvières à Antananarivo comme négociateur du nouveau traité franco-malgache. Il mourut de fièvre en Janvier 1867 sans être parvenu à un accord.
09 Novembre 1865: La C.M.S. (Church Missionary Society) envoie deux missionnaires anglicans à Ambodivoanio (Antankarana): les Rév.Thomas Campbell et H. Maundrell.
27 Août 1866: Arrivée à Antananarivo des missionnaires de la N.M.S. (Norwegian Missionary Society) dont le siège est à Stavanger. Elle dirigera la F.L.M. "Fiangonana Loterana Malagasy" avec l'Evangelical Lutheran Church (1888) et la Lutheran Board of Mission (1890) toutes deux des Etats Unis d'Amérique. Leur zone de travail est Antananarivo et le Sud.
15 Février 1867: Rainilaiarivony signe avec un envoyé du président américain un traité de commerce (inspiréde celui signé avec Londres), entre les Etats-Unis d'Amérique et Madagascar. Arrivée de M. Garnier, Commissaire français.
27 Mars 1868: Découverte d'un complot: la reine Rasoherina est gravement malade et des conspirateurs menés par AndriantsitohainaXIV Vtra et un certain nombre d'Officiers de Palais, avec l'aide de l'ancien Premier Ministre Rainivoninahitriniony, libéré secrètement de son exil d'Ambohidrainandriana, tentent de faire régner un souverain mâle en la personne du prince Rasata, arrière petit-fils du grand roi Andrianampoinimerina et petit-fils d'Andriamahazonoro (Anakara Antemoro, ancien conseiller de Nampoina).
01 Avril 1868: Mort de Rasoherina dans la nuit. Le Premier Ministre Rainilaiarivony fait arrêter tous les conjurés, et présente immédiatement la princesse Ramoma (cousine de Rasoherina) comme successeur désigné par elle-même sur son lit de mort. Elle prendra le nom de Ranavalona.II et deviendra l'épouse de Rainilaiarivony (suivant la tradition initiée par RanavalonaI)..
08 Août 1868: M. de Louvières, représentant français à Antananarivo, ayant décédé sans avoir pu terminer sa mission, son successeur M. Garnier signe le traité franco-malgache. Le gouvernement de l'Empereur Napoléon III renonce à réclamer le droit de propriété pour ses ressortissants. L'enterrement de Rasoherina a lieu le 14 Août dans le tombeau construit à côté de celui de Radama I par James Cameron dans l'enceinte du Rova.
03 Septembre 1868: Promulgation du Code des 101 articles consacrant l'adoucissement des moeurs: suppression de l'épreuve du tanguin, de l'emploi des idoles et des "sikidy". Le peuple doit prier le dimanche et les enfants doivent fréquenter l'école, la monogamie est instituée, le concubinage et le divorce interdit, de même que la fabrication et la consommation d'alcool..
28 Février 1869: Baptême de la reine Ranavalona II et du Premier Ministre Rainilaiarivony: pour la première fois dans l'histoire de Madagascar, les plus hautes autorités de l'Etat deviennent chrétiens.
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04 Juillet 1869: Première consécration protestante "Mpandrayny Fanasana Masina" (Communion).
1871: M Garnier retourne en France. Jean Laborde assure les fonctions de Consul de France jusqu'en 1878.
02 Octobre 1874: "Kabary" (discours) de Ranavalona II à Mahamasina: les clauses des traités signés avec les puissances étrangères ne concernent pas uniquement les esclaves à exporter. Les esclaves introduits dans l'île après le traité du 15 Février 1867 doivent être libérés. Bien peu acceptent cet ordre, et le Kabary dut être
renouvelé le 28 Juillet 1877.
1878: Mort de Jean Laborde. Il est enterré dans la première cité industrielle qu'il a bâtie à Mantasoa.
Début 1879: Le nouveau Commissaire du gouvernement français, M. Cassas, nommé Consul titulaire est reçu à Toamasina avec tous les honneurs. Les propriétés d'Andohalo et d'Ambohitsirohitra, anciennement occupés par Laborde, sont revendiquées par M. Campan (Consul intérim officieux), neveu de Laborde et secrétaire-interprète de M. Cassas.
29 Mars 1881: Promulgation du Code des 305 articles, version modernisée des lois du royaume, recueil de droit civil et pénal..
Avril 1881: M. Meyer est désigné représentant français à Antananaivo. Il voulut terminer par un compromis le différend au sujet de la "succession Laborde": amener ses héritiers à demander $450.000 d'indemnisation. Le P.M.n'en offrit que $250.000, à la condition qu'on lui remettrait tous les titres antérieurs (litigieux puisque suspectés de "faux", signés par Radama II et datés de 1864 alors que ce roi mourut en Mai 1863; Clément Laborde avait l'usage du cachet à l'époque). M. Campan refusa, et l'affaire en resta là.
Octobre 1881: M. Meyer est rappelé en France et remplacé par M. Baudais, nommé par Gambetta (Ministre des Affaires Etrangères)
12 Mai 1882: M. Baudais demande à Rainivoninahitriniarivo, Ministre des Affaires étrangères, de reconnaître aux héritiers Laborde la "libre disposition des biens qui leur appartiennent".Devant le refus du Ministre, il reprend les prétentions françaises à la possession des côtes nord-ouest, en particulier aux domaines de la reine Binao et du petit prince Sakalava Monja, en se référant à des demandes de protectorat signées par la princesse Sakalava Tsiomeko agée seulement de 13 ans) et le prince Antakarana Tsimiharo, en 1840 et 1841. Le Ministre rétorque que le traité signé avec la France en 1868 annule tousles traités signés antérieurement, et tous traités signés par des chefferies ou roitelets après cette date sont réputés "nuls et non avenus".
01 Août 1882: Ambassade malgache reçue par M. Broome, Gouverneur de l'Ile Maurice. Le Premier Ministre Rainilaiarivony, pressentant des difficultés avec la France (qu'il suspectait de vouloir prendre possession du pays) décide d'envoyer une ambassade dirigée par Ravoninahitriniarivo, et Ramaniraka XIV Vtra, Andrianisa (interprète anglais), Marc Rabibisoa (interprète français) en Europe (M. Tacchi, un sujet anglais, conseillait les ambassadeurs sur les étiquettes). La mission n'arrive pas à un accord concernant le traité avec Mr Ducler, Ministre des Affaires étrangères en France.
26 Novembre 1882: M. Ducler informe les délégués malgaches qu'ils cessaient d'être considérés comme représentants officiels de la reine, et que pleins pouvoirs ont été donnés à M. Baudais et à l'Amiral Pierre.
16 Février 1883: L'ambassade signe un nouveau Traité anglo-malgache avec Lord Granville.et le
12 Mars 1883: poursuit son voyage aux Etats Unis où un traité américano-malgache est signé avec le Président américain, Chester Alan Arthur..
07 Mai 1883: L'Amiral Pierre, Chef des Opérations dans l'Océan Indien, bombarde la côte nord-ouest à Amorotsangana et Ambodimadiro, sans déclaration de guerre. Les Officiers du Palais réunis en conseil décident d'expulser les français.
15 Mai 1883: L'Amiral Pierre occupe la ville de Majunga. L'ambassade malgache signe à Berlin un traité germano-malgache avec l'Empereur d'Allemagne. Et sur le chemin du retour vers Madagascar en passant parl'Angleterre, l'ambassade y signe le 06 Juillet 1883; le premier traité italo-malgache avec l'Ambassadeur d'Italie à Londres.
31 Mai 1883: L'Amiral Pierre et M. Baudais envoient un ultimatum exigeant à la reine Ranavalona II de:
- céder à la France tout le territoire situé au nord du 16ème parallèle;
- accorder aux ressortissants français le droit d'acquérir des terres;
- payer une indemnité de $200.000 aux héritiers de Laborde.
13 Juillet 1883: Décès de la reine Ranavalona II, appelée affectueusement Ramorabe. La princesse Razafindrahety, veuve du prince Ratrimoarivony, est désignée pour lui succéder sous le nom de Ranavalona III.
01 Août 1883: Prise de commandement du Colonel anglais DigbyWilloughby, recruté par l'ambassade envoyé par Rainilaiarivony en Angeleterre en 1882. Willoughby est nommé Adjudant Général des Forces de sa Majesté Ranavalona III.
04 Octobre 1883: Arrivée de l'Ambassade à Vohipeno, Manakara où elle dut faire un détour à cause des attaques françaises. Tombé malade, l'Amiral Pierre mourut en mer le 11 Septembre aprés avoir reçu un blâme du gouvernement français pour avoir outrepassé ses instructions en s'emparant de Tamatave le 30 Mai. L'Amiral Galiber est envoyé pour remplacer l'Amiral Pierre.
De nouvelles négociations avaient de nouvelles raisons d'être à l'avènement d'une nouvelle reine. Elles traînèrent d'Octobre 1883 à Avril 1884.
Rainilaiarivony se proposait d'abandonner à la France les îles du nord-ouest et Sainte-Marie.
13 Mai 1884: L'Amiral Miot est envoyé pour remplacer l'Amiral Galiber. Il réclame dès son arrivée 2.000.000 FF d'indemnités et le droit des français d'acquérir des propriétés à Madagascar.
27 Juillet 1884: Sur la demande de Jules Ferry, Président du Conseil, un crédit de 5.000.000 FF est voté pour renforcer le blocus des ports malgaches. L'Amiral Miot s'installe à Ambodimadiro, en face de Nosy Be, et s'empare de Vohémar et de Diego Suarez en Décembre 1884.
1885: Vote d'un nouveau crédit dépassant 12.000.000 FF au Parlement français.
21 Novembre 1885: M. Patrimonio remplace M. Baudais à Tamatave.Rainilaiarivony y envoie son fils Rainizanamanga et l'anglais Willoughby comme plénipotentiaires pour discuter avec l'Amiral Miot et Patrimonio.
17 Décembre 1885: Le Général Willoughby signe au nom de la reine Ranavalona III le traité de paix avec les représentants français, en acceptant le paiement de 2.000.000 FF de dédommagement éxigé. Willoughby fut blâmé par le gouvernement anglais car il avait enfreint les lois anglaises en s'offrant de représenter un pays étranger.
Le Premier Ministre Rainilaiarivony fit demander auprès des plénipotentiaires français des explications écrites précisant la valeur de certains termes employés dans le traité, qui ne prendrait effet que "sous réserve de la ratification définitive par le Conseil royal".
09 Janvier 1886: Les précisions sont apportées formellement par MM. Miot et Patrimonio dans un document connu sous le nom de "appendice au traité" (déterminant notamment le futur rôle du Résident français, car le traité mentionnait que "le gouvernement de la République française représentera Madagascar dans toutes ses relations extérieures".
1886: Protectorat français établi sur les trois îles de l'archipel des Comores (Anjouan, Mohéli et la Grande Comore) sous l'autorité du Gouverneur de Mayotte.
28 Avril 1886: Arrivée à Tamatave de M. Le Myre de Vilers, ancien Gouverneur de Cochinchine qui avait déjà acquis une grande pratique des questions diplomatiques et coloniales. Il déclara sans ambage aux diplomates étrangers de ce port "qu'il venait remplir les fonctions de Ministre des Affaires Etrangères de Madagascar". Les questions qui mirent aux prises Rainilaiarivony et ce nouveau Résident français concernaient:
- la conclusion de l'emprunt du gouvernement;
- la délimitaion du territoire de Diégo Suarez;
- l'appendice au traité, et
- la question de "l'ex-equatur".
Mr Kingdon, homme d'affaires anglais et exploitant forestier à Maroantsetra, voulut ouvrir une banque à Antananarivo pour prêter 20 millions de Francs au gouvernement malgache, mais le Résident Le Myre de Vilers s'y opposa et fit installer le 06 Avril 1886 le Comptoir d'Escompte de Paris à Andohalo pour se charger de l'opération en prêtant 3 millions de FF à 6% d'intérêt. Le gouvernement devait effectuer un paiement semestriel de 582.982. FF pendant 25 ans.
La France se refusait à reconnaitre tout caractère de validité à "l'appendice" signé par ses plénipotentiaires.
En 1886, le Général Willoughby est autorisé par Rainilaiarivony à faire le tour des capitales européennes pour essayer d'acquérir des matériels pour la fabrication d'armements, et trouver d'autres ressources financières afin de renforcer la sécurité des étrangers dans l'île. Il se présente comme ambassadeur itinérant de sa Majesté' jusqu'à la fin de 1887, mais, à cause de sa nationalité, son titre n'est pas accepté par les gouvernements anglais et français. Il est reçu à Berlin par le prince allemand, futur Fréderic III, et à Rome par le roi Humbert.
08 Décembre 1886: Rainiharovony (connu sous le nom de Mariavelo) fils du Premier Ministre est désigné pour diriger une ambassade de 6 Officiers. Celle-ci est reçue par le Président français, mais ne conclut aucun accord.
A la mi-Septembre 1887, Le Myre de Vilers fait une concession notoire en acceptant que les papiers consulaires soient délivrés par le Premier Ministre: il se contenterait uniquement d'y apposer sa signature.
Juillet 1889: Le Myre de Vilers retourne en France et est remplacé par M. Bompard
05 Août 1890: La "Convention de Zanzibar" est signée entre la France et l'Angleterre, par laquelle l'Angleterre reconnait officiellement le protectorat français sur Madagascar. En contrepartie, Napoléon Bonaparte laisse les mains libres à la couronne britannique au Zanzibar, en Afrique de l'Est (et aussi en Egypte quelques années plus tôt: révolte d'Arabi Pacha contre le Général anglais Wolseley ).
24 Mars 1891: Rainilaiarivony est attéré par la mort de Rainiharovony, le fils à qui il destinait sa succession. Après l'enterrement de ce dernier, son choix se porta sur son petit-fils Ratelifera.
Au mois d'Août 1891: M. Bompard est remplacé par M. Larrouy ancien Consul adjoint
Juin 1893: Rainilaiarivony est tombé malade: des clans s'organisent pour prendre sa succession. Les partisans de Ratelifera cherchent l'appui des français, tandis que son fils Rajoelina sollicite l'homme d'affaires anglais M. Kingdon, avec l'aide du Dr. Rajaonah gendre du P.M. et Ralaikizo, mari de Ramasindrazana tante de la reine Ranavalona III.
09 Août 1893: Arrestation des trois présumés coupables à la guérison du Premier Ministre. Il demande au Conseil royal de les envoyer en exil.
26 Janvier 1894: La Chambre des Députés français vote une résolution destinée à soutenir le gouvernement dans tout ce qu'il entreprendra pour "maintenir les droits de la France à Madagascar."
21 Août 1894: Mort de la très pieuse Victoire Rasoamanarivo qui propagea le catholicisme sans les prêtres, première Malgache béatifiée par le Pape Jean Paul II en 1989.
05 Octobre 1894, première manifestation du "Fifohazana" ou Mouvement du Réveil à Fianarantsoa: Dada Rainisoalambo, guérisseur traditionnel, eut une vision à Ambatoreny, petit village à l'Ouest de Soatanàna, lui ordonnant de jeter les idoles et les superstitions ancestrales. Il proclame à sa famille et à son entourage le pouvoir de Jésus Christ et forme rapidement des Disciples du Seigneur appelés "Mpianatry ny Tompo".
14 Octobre 1894: Le gouvernement français envoie M. Le Myre de Vilers une troisième fois pour une ultime tentative auprès de Rainilaiarivony afin qu'il accepte le protectorat.
Quelques hauts dignitaires malgaches, dont Rasanjy et Marc Rabibisoa proches collaborateurs du Premier Ministre, n'hésitent pas à faire savoir au Résident français qu'ils sont disposés à servir la
France
.
17 Octobre 1894: Le Myre de Vilers soumet à la reine un projet de Traité en cinq points, et lui donne jusqu'au 26 Octobre pour ratifier sa proposition:
Article 1: Le gouvernement de la Reine de Madagascar s'interdit d'entretenir aucune relation avec les gouvernements étrangers sans passer par la Résidence Générale de France à Madagascar.
Article 2: Toute concession faite par le gouvernement de la Reine à des français ou à des étrangers devra être approuvée par le Résident.
Article 3: Le gouvernement de la République aura le droit d'entretenir à Madagascar les forces qu'il jugera nécessaires pour la sécurité de ses nationaux et des résidents étrangers.
Article 4: Le gouvernement français pourra entreprendre des travaux d'utilité publique et percevoir les taxes qui en seraient la conséquence.
Article 5: En cas de difficultés, le texte français fera seul loi.
Le 24 Octobre, Rainilaiarivony lui soumet un contre-projet comportant douze articles. Le lendemain 25, le Résident envoie une lettre au P.M. confirmant son ultimatum. Rainilaiarivony envoie en réponse le 26 Octobre un refus déguisé de reprendre la discussion sur la base des propositions françaises.
27 Octobre 1894: Le Myre de Vilers amena le pavillon français à cinq heures du matin, et donna l'ordre à tous les français d'évacuer la capitale. Il en avertit Rainilaiarivony et lui envoya une lettre d'adieux émus. Le gouvernement de la reine fit escorter les français jusqu'au port de Tamatave.
12 Décember 1894: L'Amiral Bienaimé s'empare de Tamatave: le Parlement français a voté le principe de l'envoi d'un corps expéditionnaire.
09 Juin 1895: Les 12 "Mpianatry ny Tompo - Fifohazana" (Disciples du Seigneur) réunis en prière chez Dada Rainisoalambo voient des manifestations miraculeuses et entendent la voix de Dieu leur disant: "Je vous charge de confesser les gens car je viens sauver mon peuple!". Ce sont: Rajeremia, Rainitiaray, Ramongo, Rasoarimanga, Ratahiana, Rainiestera, Ralohotsy, Rasamy, Ramanjatoela, Razanamanga, et Rasoambola.
30 Septembre 1895: Le corps expéditionnaire français, conduit par le Général Metzinguer, le Général Duchesne et le Général Voyron, bombarde le Palais de la reine dans l'après-midi, et le
01 Octobre 1895: Capitulation de la reine Ranavalona III et signature du protectorat français sur Madagascar. Le Premier Ministre Rainilaiarivony, fait prisonnier d'Etat, est placé en résidence surveillé dans son palais d'Amboditsiry à partir du 15 Octobre 1895. Les généraux français le remplacent par Rainitsimbazafy, "un vieillard dont on n'a rien à craindre", pour faire fonction de Premier Ministre.
06 Février 1896: Rainilaiarivony est envoyé en exil à Alger, accompagné de son petit-fils Ratelifera qui se rendait en France, de Gabriel Razanamahery son interprète, et de quatre domestiques. Il habitait à la "Villa des Fleurs", dans les environs d'Alger, à proximité de la résidence d'un autre exilé politique: l'ancien Roi d'Amman. Il y mourut mystérieusement le 17 Juillet 1896. Son corps fut rapatrié aux frais du gouvernement français en 1917 pour être enseveli avec son illustre père au Fasan-dRainiharo à Isoraka
06 Août 1896: Loi d'annexion de Madagascar votée à l'Assemblée nationale française.
Agitations et guerillas contre les occupants menées par les "Mena Lamba" (toges rouges,
vêtements des résistants rougis par la poussière de la campagne).
27 Septembre 1896: Libération de tous les esclaves dans toute l'île
16 Octobre 1896 : Rabezandrina Rainandriamampandry et le prince Ratsimamanga, oncle de Ranavalona III, sont fusillés par les Français pour couper court à toute véllétité de résistance et servir d'exemple d'intimidation.
28 Janvier 1897: La reine Ranavalona III est exilée avec
sa tante Ramasindrazana et sa nièce à la Réunion d'abord, puis à
Alger quelques mois plus tard. Elle y mourut, et ses restes furent
transférés le 10 octobre 1938 avec ceux des autres souveraines à
Anatirova, dans le tombeau se trouvant à côté de celui de Radama
I, dans l'enceinte du Palais de la Reine à Antananarivo
la monarchie fut abolie en Février 1897 par le général français Galliéni après la loi d'annexion de Madagascar votée par l'Assemblée Nationale de la France le 06 Août 1896...
suite article la République 1900 - 2003
Le temps des royaumes
raccourci début et fin des royaumes
Les autochtones ont formé des royaumes plus puissants, le Menabe
et le Boina à l'ouest, l’Antemoro et Betsimisaraka à
l’Est, le Mahafaly et le Masikoro au sud, l’Imerina et le
Betsileo au centre... Au milieu du XVIIe siècle, les Sakalava ont
pu instaurer un semblant d’empire suite à de nombreuses campagnes
de conquêtes.
Au XVIe siècle, la reine Rangita fonda la dynastie de l'Imerina.
Le peuple des hautes-terres étaient des riziculteurs méthodiques
et organisés. Le roi Andriamanelo, fils de Rangita, développa
l'agriculture par l'aménagement des marais. Il organisa le commerce
et crée une armée. La féodalité fût
instaurée par son fils Ralambo et son petit-fils Andrianjaka qui
le succédèrent. Au début du XVIIe siècle,
le roi Andriamasinavalona poursuivit la campagne d'extension du royaume
vers l'ouest, et vers l'est.
Le souverain merina Andrianampoinimerina (vers 1787-1810) regroupa les
petits royaumes des hauts plateaux par la diplomatie, les alliances, et
en dernier recours, les opérations militaire. Il instaura une véritable
législation et une administration locale avec des fonctionnaires.
Andrianampoinimerina fût le souverain le plus charismatique de Madagascar,
à la fois un sage visionnaire, un grand orateur et un chef d’armée
fin stratège.
Son fils et successeur, Radama 1er (1810-1828), poursuivit sa campagne
d’unification. Bon diplomate, le jeune roi signa, en 1817, un traité
d'amitié avec les Britanniques qui dotèrent les merina d’armes
modernes et entraînèrent les troupes autochtones. Les missionnaires
britanniques fondèrent des écoles et introduisirent le christianisme.
Radama 1er favorisa le développement de l'enseignement qui connut
un essor remarquable dès 1820. Il voulût que la langue malgache
soit écrite en caractères latins. La Bible fût traduite
en malgache à la demande du roi.
À la mort de Radama Ier, sa veuve, Ranavalona 1re, lui succéda en 1828. Elle mit fin à la politique de réformes et décida
de fermer les écoles. Les missionnaires britanniques furent chassés,
tous les Européens expulsés. La "reine cruelle"
chassa aussi les chrétiens, faisant des martyres.
A la mort de Ranavalona 1re en 1861, son fils Radama II rouvrit le pays
aux puissances coloniales, confiant des pouvoirs économiques à
certains hommes d'affaires français. Il proclama la liberté
de pensée et de culte… L'oligarchie malgache a mis fin à
cette européanisation forcée en faisant étrangler
le roi en 1863.
L'année suivante, le chef de l'armée promu premier ministre,
Rainilaiarivony, exerça un réel pouvoir à la tête
du pays pendant plus de trente ans. Il épousa successivement les
reines Rasoherina, Ranavalona II et Ranavalona III. Il opta pour la modernisation
et le protestantisme en 1869. En 1890, il a rejeté le protectorat
français qui a été instauré suite à
un traité ambigu.
Des troupes françaises conduites par le Général
Duschesnes, furent envoyées à Tananarive pour la représaille.
La ville de milles a été prise le 29 septembre 1895. L'île
de Madagascar fût proclamée officiellement, le 6août
1896, comme étant une colonie française. Le général
Galliéni, devenu gouverneur, mena la campagne de "pacification"
et d’unification de l'île. Le premier ministre Rainilaiarivony
fût exilé, et la reine Ranavalona III détrônée. |