Ambatomanoina est aujourd'hui une
colline oubliée alors qu'elle est à l'origine de quatre souverains
de l'Imerina
Ranavalona I°, Radama II°, Rasoherina, Ranavalona II°
Il y avait un Rova, avec toutes ses dépendances, dont il
ne reste que des traces. Si Ambatomanoina
n'était pas considérée comme une des douze
collines sacrées du temps d'Andrianampoinimerina et de
Radama 1er, sous les règnes de Ranavalona 1ère,
Radama II, Rasoherina et Ranavalona II, Ambatomanoina
a bénéficié du "omby volavita"
et du "hasina".
Ambatomanoina est une colline située
à une vingtaine de kilomètres d’Antananarivo,
dans le fokontany de Masombahiny, commune rurale d’Ambohimalaza-Miray,
Fivondronana Antananarivo Avaradrano. On y accède par trois
kilomètres environ de route à partir du village d’Ambatolampikely
(PK 21, RN 2).
Sous la royauté, Ambatomanoina était un des chefs-lieux
de l’Avaradrano. Vers le milieu du XVIIIème siècle,
le roi Andriambelomasina y installa son fils nommé Andriantsimitovizafitrimo.
Ses autres enfants, Ranavalonandriambelomasina, Ranavalonjanahary
et Andrianjafy, sont restés à Ambohimanga. Andrianjafy
est devenu roi d’Ambohimanga après Andriambelomasina.
Le Firaketana affirme qu’il y eut deux lignées : celle
d’Ambohimanga
et celle d’Ambatomanoina.
Celle
d’Ambohimanga eut comme souverains
Andrianjafy
Andrianampoinimerina
Radama 1er
Ranavalona III.
Celle d’Ambatomanoina
Ranavalona 1ère
Radama II
Rasoherina
Ranavalona II Toutefois, les deux lignées sont toujours restées
alliées.
C’est Andriantsimitovizafitrimo, son oncle, qui a permis
à Ramboasalama (futur Andrianampoinimerina) d’accéder
au trône d’Ambohimanga à la suite d’Andrianjafy,
ainsi que l’aurait voulu Andriambelomasina. Le fils d’Andriantsimitovizafitrimo,
Andrianavalontsalama ou Andriantsalamamanjaka, épousa deux
sœurs d’Ambohimanga, Ratavanandriana et Rabodonandriantompo.
Ratrimoarivony d’Ambatomanoina, arrière-petit-fils
d’Andrianavalontsalama, épousa Razafindrahety (future
Ranavalona III) d’Ambohimanga, descendante de Ranavalonjanahary,
sœur d’Andriantsimitovizafitrimo.
Descendance d’Andriantsimitovizafitrimo
Andriantsimitovizafitrimo eut Andrianavalontsalama comme fils.
Andrianavalontsalama épousa les deux sœurs Ratavanandriana
et Rabodonandriantompo, d’Ambohimanga.
Ratavanandriana eut trois enfants: Ramarotafika, Ramanjakaraibe
et Rangita.
Rabodonandriantompo eut quatre enfants : Imavo (future Ranavalona
1ère), Razafianaka, Rafaramanjaka et Ramasindrazana dite
également Rafarasoa.
Imavo eut un fils, Rakotondradama (futur Radama II), Rafaramanjaka
est la mère de Rabodo (future Rasoherimanjaka). Ramasindrazana
eut quatre enfants : le premier Ramboasalama, d’Andriambongo,
fils d’Andriamanalinabetsileo d’Antsirabe; les trois
autres (Ramahatrarivo, Ramonja et Ramoma, la future Ranavalona
II) de Razakaratrimo d’Arivonimamo
L'histoire particulière de certaines collines recoupent
plusieurs fois l'histoire de Madagascar. C'est le cas d'Ambatomanoina.
L'anecdote de l'assassinat de Ratrimoarivony par Rainilaiarivony,
afin de préparer une succession qui ne se présenta
que deux mois plus tard, peut laisser dubitatif. La rancune s'inscrit
dans la rivalité sourde entre les Andriana et les Andafiavaratra
qui ont dépouillé ceux-là du vrai pouvoir
depuis Rainiharo (1832-1852). Les intrigues d'Anatirova n'avaient
sûrement rien à envier aux manigances des Médicis…
Ramahatrarivo épousa Razafinjanahary, fille de Rafaravavy
Randratsay, de Masinadraina Antsirabe, et petite-fille de Ramanalina
de Manandona Antsirabe. Razafinjanahary eut seize enfants, mais
seuls les quatre premiers furent adoptés et reconnus comme
princes par la reine Ranavalona II : la princesse Rampelasinoro,
le prince Rasoarandrana, le prince Ratrimoarivony et le prince
Ramahatrarivo II. Les trois derniers sont nés après
la mort de Ramahatrarivo I. La tradition familiale (TOF) rapporte
que le prince Rasorandrana et le prince Ratrimoarivony sont nés
des œuvres de Ramonja, et que Ramahatrarivo II est le fils
naturel de Radama II. Les descendants d'Andriantsimitovizafitrimo sont enterrés
dans le tombeau ancestral d'Ambatomanoina, à l'exception
des souverains : Ranavalona 1ère, Radama II, Rasoherina
et Ranavalona II, et de deux fils de Ramasindrazana, Ramboasalama
et Ramahatrarivo I qui sont enterrés au Fitomiandalana
du Rova d'Antananarivo. Les souveraines du "Royaume de Madagascar",
Ranavalona 1ère (1789), Rasoherina (1818) et Ranavalona
II (1829), sont nées à Ambatomanoina.
À la mort de Radama 1er (1810-1828), son épouse
et cousine, Imavo, accéda au trône sous le nom de
Ranavalona 1ère (1828-1861). Le trône passa ainsi
de la lignée d'Ambohimanga à celle d'Ambatomanoina.
Après Ranavalona 1ère, son fils Rakotondradama régna
sous le nom de Radama II (1861-1863). Au décès de
Radama II, Rainilaiarivony institua que la reine devint l'épouse
du Premier Ministre (1864-1895). C'est ainsi que Rasoherina (1863-1868)
devint son épouse de même que Ranavalona II (1868-1883).
La succession de cette dernière fut un problème
pour Rainilaiarivony. Rapelasinoro, fille de Ramahatrarivo I,
ainsi nièce et fille adoptive de Ranavalona II, fut pressentie.
Mai, Rapelasinoro, rapporte la TOF refusa en ces termes : "izaho
tsy hanambady ny vadin'i Neny" (je ne veux pas épouser
le mari de Mère). "Neny" était sa tante
et mère adoptive Ranavalona II.
Rapelasinoro était fière et peu attirante. Rainilaiarivony
porta son choix sur Razafindrahety, épouse de Ratrimoarivony,
frère de Rapelasinoro. Razafindrahety était de la
lignée d'Ambohimanga et petite-nièce de Rabodonandriantompo,
la mère de Ranavalona 1ère. Pour réaliser son projet, Rainilaiarivony dut éliminer
Ratrimoarivony, époux de Razafindrahety. La TOF rapporte
qu'un jour, il dit à Ratrimoarivony : "Tu as mauvais
teint, tu es malade, il faut qu'on te soigne". Ce dernier
répondit : "Mais, non, Père, je me sens très
bien, je ne suis pas malade". Rainilaiarivony insista : "Si,
tu es malade, rentre dans ta chambre, je vais t'envoyer un médecin".
Ratrimoarivony dut s'exécuter. Il a été enfermé
dans sa chambre et mourut une semaine après, le 7 mai 1883,
à vingt et un ans, des soins du "médecin"
délégué par le Premier Ministre. La TOF raconte
que le jour de la présentation des condoléances,
le Premier Ministre lança un clin d'œil complice à
la veuve Razafindrahety. La reine Ranavalona II fit construire un caveau pour Ratrimoarivony,
en l'espace de cinq jours à Ambatomanoina, à côté
du tombeau ancestral. Le caveau fut terminé le 12 mai
1883 et on y enterra Ratrimoarivony, le dimanche 13 mai .
On pourrait l'appeler "le paradoxe d'Ambatomanoina".
La fortune des souverains originaires de la colline est intimement
liée à la montée en puissance de la famille
des Andafiavaratra, Rainiharo (1832-1852) et ses deux fils Rainivoninahitriniony
(1852-1864) et Rainilaiarivony (1864-1895) tandis que l'un des
princes d'Ambatomanoina aurait été sacrifié
par le Premier Ministre Rainilaiarivony. La tradition particulière
d'Ambatomanoina éclaire également d'un jour nouveau
les idées reçues propagées par la littérature
missionnaire : c'est bien Radama 1er qui, à son avènement,
fit exécuter les parents de son épouse Imavo, celle
qui allait devenir Ranavalona 1ère …
À la mort de Ranavalona II, en juillet de la même
année, Razafindrahety accéda au trône, en
devenant épouse du Premier Ministre Rainilaiarivony sous
le nom de Ranavalona III (1883-1897). Le caveau du prince Ratrimoarivony accueillit plus tard ses
frères et sœur : la princesse Rapelasinoro (décédée
le 4 août 1883), le prince Rasoarandrana (décédé
le 12 juillet 1890) et le prince Ramahatrarivo (décédé
le 9 juin 1938), ainsi que les autres descendants de Ramahatrarivo
I. On retrouve également à Ambatomanoina une grotte
souterraine dont l'histoire est la suivante : à l'accession
au trône de l'un des souverains (NDLR : il s'agit de Radama
1er), il a été décidé que les personnes
susceptibles d'entraver l'autorité du nouveau souverain
soient éliminées. Parmi celles-ci, des malheureux
parents recherchés se réfugièrent dans cette
grotte pour tenter d'éviter le sort qui leur était
réservé. Mais, c'est l'un de leurs gendres qui les
dénonça et indiqua leur cachette aux poursuivants.
Ils furent exécutés et enterrés dans le tombeau
ancestral.
Cette grotte est encore visible actuellement, mais une de ses
deux issues a été bouchée. Certains disent
qu'elle débouche sous le tombeau ancestral; d'autres affirment
qu'il s'agit d'un long souterrain traversant la colline du nord
au sud.
les Zanakandriana : les descendants
de Ranavalona II , ceux qui sont appelés à régner. Prince Rasoarandriana
Princesse Rampelasimoro
Prince Ratrimoarivony
Prince Ramahatrarivo II°
4 des 5 enfants du frére de Ranavalona II° Ramahatrarivo I°
Ramahatrarivo I° & Razafinjanahary
Rasoarandrana +1890 & Rasoamihanta
Rampelasinoro +1890
Ratrimoarivony +1883 & Razafindrahety Ranavalona
III
Ramahatrarivo II & Razafindrazaka
Rasoanjanahary
frères et soeurs de Ramahatrarivo I°
Ramahatrarivo I
Ramonja(manana)
Ramoma Ranavalona II
1° tombeau
Ignace Ratrimoarivony (petit fils du Prince Rasoarandrana) et sa
femme Razanakiniaina Julienne
2° tombeau
les enfants de Simon Ranaivo et Philomene Razaiarisoa (soeur d 'Ignace
Ratrimoarivony lui même petit fils du Prince Rasoarandrana)
3° tombeau
le fils de Ramahatrarivo I° (frere de ranavalona II)
Ratrimoarivony mari de Ranavalona III décédé
le 7 mai 1883
le dernier des tombeaux de 2007
à l' ouest Antananarivo
RN 2
Entre Hova et Andriana, jeu de bascule
ou fausse rivalité ?
On trouve rapporté dans le Tantara ny Andriana (t.1, 1878/1908,
p. 377 et t.II, pp. 590-591 et 712) un aspect surprenant de l’histoire
des Tsimahafotsy d’Ambohimanga. Plus précisément,
des zanakandriamborona-ampanarifito, noyau constitutif de ce groupe
qui, d’après leur tradition, aurait décliné
à deux reprises au moins une offre royale d’“andrianisation”
(“atao andriana”), faisant d’eux des “andriana”.
A ce propos, j’évite délibérément
ici l’emploi du terme “ennoblissement” qui n’en
est qu’une traduction très approximative, génératrice
de beaucoup de confusions, et même de contre sens comme
on le verra.
Avant d’aborder le problème historique proprement
dit, il importe cependant de mieux connaître l’historique
du Tantara ny Andriana (TA) et les conditions de son élaboration,
afin d’être fixé sur la crédibilité
qu’on doit lui accorder.
On a pris de nos jours l’habitude de parler du TA comme
étant l’œuvre personnel d’un auteur nommé
(Père) Callet. En réalité, l’ouvrage
se présente comme “anonyme”, ou plutôt
un recueil de “Documents historiques d’après
les manuscrits malgaches” comme l’indique son sous-titre.
Callet dont le nom même n’apparaît ici nulle
part se voulait ainsi un simple compilateur.
Grâce cependant à l’étude d’Alain
Délivré, nous pouvons nous faire davantage d’idées
concernant la vie du personnage et son rôle dans la confection
du TA.
François Callet était donc un missionnaire catholique
jésuite, arrivé en Imerina en 1864, après
une douzaine d’années de résidence à
la Réunion et un passage par Toamasina. Par la suite, il
vécut à Antananarivo jusqu’en 1868 puis changera
pratiquement de résidence tous les ans jusqu’à
son expulsion en 1883. Il s’installa de nouveau alors à
la Réunion où il mourut en 1885.
Durant les quelques 18 ans où il vécut en Imerina,
il n’a cessé de sillonner en long et en large toute
la région dans un rayon de 20 à 40 km autour d’Antananarivo.
Il vécut ainsi à Ambohipo, Ambohijanahary, Ambohipeno,
Namehana, Ambohidratrimo, Ambohimanarina, Ambohimanga, Alasora,
etc. Il fit même une petite incursion dans l’Itasy
à l’ouest et à Anjozorobe dans le nord. La
seule région importante de l’Imerina qu’il
n’a pu visiter fut ainsi le sud, au-delà d’Amboanjobe.
Et il semble que partout où il est passé, il a récolté
des informations, sauf apparemment dans la région du nord-est
et en Imamo où il s’est contenté de recueillir
l’histoire de Rapeto et Rasoalao. A ce propos justement,
l’ouvrage de Delivré présente (p.66) une “carte”
très intéressante indiquant les localités
mentionnées par le TA précédées des
particules “aty” ou “eto” et “ary”
ou “eroa”, nous révélant soit les lieux
d’information même de Callet, soit une localité
proche de ses informateurs.
On peut alors constater que ces localités couvrent la plupart
des “hauts lieux” historiques autour d’Antananarivo,
et en particulier l’ensemble des anciennes capitales où
la connaissance des traditions royales devaient être les
plus vivaces. Avec cependant quelques nuances significatives puisque
pour la région est, les localités avec “eto,
aty” sont Ambalanirana, Ambohibato, Soamandrariny, Ambohimanambola
et Ambohipeno. Pour Ambohitromby, Ambohimalaza, Ambohimalazabe
ou Ambohitrandriananahary en revanche, on n’a que des “etsy,
eroa”. Ce qui permet de penser que ses informations sur
l’histoire de ces dernières localités ont
dû lui être fournies par des informateurs du voisinage. Tantely Andriantseheno
La théorie
d’une dynastie "Antehiroka" précédant
la dynastie "Andriana" doit encore faire son chemin
dans les livres d’histoire. L’aboutissement, par
contre, du pouvoir final dans la "maison" d’Ambohimanga,
au détriment des "principautés" d’Antananarivo,
d’Ambohidratrimo et d’Ambohidrabiby, fait partie de
l’histoire reconnue. Les derniers souverains, de l’Imerina
enfin unifiée à partir d’Andrianampoinimerina
(1785-1810), appartiennent à une seule et même famille,
celle d’Andriambelomasina. Avec sept rois et reines, de
1785 à 1897, dont quatre dans la descendance directe de
la seule Rabodonandriantompo, on peut évoquer un "ventre
dynastique". Ambatomanoina est une
colline située à une vingtaine de kilomètres
d’Antananarivo, dans le fokontany de Masombahiny, commune
rurale d’Ambohimalaza-Miray, Fivondronana Antananarivo Avaradrano.
On y accède par trois kilomètres environ de route
à partir du village d’Ambatolampikely (PK 21, RN
2).
Sous la royauté, Ambatomanoina était un des chefs-lieux
de l’Avaradrano. Vers le milieu du XVIIIème siècle,
le roi Andriambelomasina y installa son fils nommé Andriantsimitovizafitrimo.
Ses autres enfants, Ranavalonandriambelomasina, Ranavalonjanahary
et Andrianjafy, sont restés à Ambohimanga. Andrianjafy
est devenu roi d’Ambohimanga après Andriambelomasina.