Après un court séjour dans la région
de Miandrivazo, J.C. Hébert réunit les «Simples
notes sur les Vazimba du Betririry» qu'il met au propre
en 1962. Le chercheur y témoigne d'une grande prudence
en insistant sur le fait «que ce sont des traditions qui
indiquent Ambohimanga comme lieu d'origine des populations questionnées».
Ces «Notes» invitent les lecteurs à se poser
une question : «Ces personnes se disent des descendnats
des Vazimba venus des Hauts-plateaux, mais peut-être ne
se donnent-elles une telle origine que parce qu'on les leur a
dit», comme ce fut le cas avec les Betsimisaraka du Sud.
Les traditions relatives aux origines, certaines coutumes et non
des moindres, le langage distinguent les Betsimisaraka du Sud
de ceux du Nord. Les premiers ne sont pas, en réalité,
des Betsimisaraka, cette dénomination n'ayant été
créée que pour désigner la réunion
d'un certain nombre de tribus de la côte Nord-Est. Depuis
la création d'une province betsimisaraka par la monarchie
merina, formée par l'ensemble des territoires que Jean
René a contribué à placer sous l'autorité
de Radama 1°, et depuis les travaux des ethnographes orientés
par cette création, l'administration a pris l'habitude
de considérer les populations de la région Mahanoro-Nosy
Varika comme Betsimisaraka. Et les intéressés ont
pris l'habitude d'être considérés comme tels.
Les Vazimba du Betsiriry semblent être dans ce cas. La région
a constitué une zone de refuge pour des populations venus
des Plateaux. Selon Hébert, il y a sans doute eu des Vazimba,
mais il n'y a pas eu qu'eux.
Au XIXe siècle, il a en effet existé un mouvement
d'émigration vers l'Ouest de gens fuyant le renforcement
de l'autorité royale et cherchant à se soustraire
aux impôts, corvées, service militaire, en franchissant
la bordure occidentale des Hautes-terres. «Au début
de ce siècle, ce fut même la principale directive
donnée aux petits postes militaires merina qui s'échelonnaient
dans cette région, que d'interdire le passage des transfuges».
Néanmoins, la population Vazimba n'est nullement négligeable
dans la plaine allongée de Miandrivazo à Ankavandra,
et surtout au-delà en direction de Soaloka. Sous la colonisation,
le canton de Miandrivazo est le seul à tenir des statistiques
démographiques où les Vazimba sont distincts et
non englobés dans le groupe sakalava.
Au début de l'Indépendance pourtant, les Vazimba
de l'Ouest se considèrent comme un clan sakalava. Et même
ceux du Betsiriry, installés dans la zone frontalière
entre Sakalava et Merina, se disent sakalava, alors qu'ils aiment
à rappeler que leurs ancêtres habitaient jadis à
Antananarivo ou Ambohimanga. Ils gardent une certaine rancœur
contre les Merina, qui les ont chassés de leur terre ancestrale,
et ils ont perdu tout contact avec le pays de leurs aïeux.
Certaines traditions «dont on n'est pas sûr qu'elles
ne soient pas récentes et inspirées d'immigrés
merina» indiquent leur lieu d'origine Ambohimanga qu'Andrianampoinimerina
aurait ravi à leurs ancêtres. Une autre affirme que
leurs ancêtres venait de Malakialy, région qu'ils
situaient sur les Hauts-plateaux, mais que de riches gisements
de béryllium ont fait connaître plus tard. Elle se
trouve au sud du Betsiriry. Une troisième rapporte le nom
d'un certain Rangoromana, un ancêtre qui aurait amené
les premiers bœufs dans le pays et dont la trace se retrouve
à l'Est, sur les bords du lac Itasy.
Concernant leurs rapports houleux avec les Ambaniandro (Merina),
les Vazimba du Betsiriry disent que, jadis, à l'arrivée
des Merina, ceux-ci leur ont demandé de leur procurer du
riz pour le cultiver. Les Vazimba leur ont fourni du riz blanc
(vary fotsy) et les Ambaniandro les ont fait cuire avant de les
semer. Aucune pousse de terre n'est sortie de terre et pour cause...
Il en a été de même pour le gingembre. Se
sentant dupés, les Ambaniandro se sont mis en guerre contre
les Vazimba.
La version merina raconte tout le contraire : ce sont les Vazimba
qui n'ont pas su planter le riz et en ont voulu aux Ambaniandro.
Ceux-ci les ont chassés avec des sagaies à pointe
de fer, alors qu'ils ne connaissaient que les sagaies à
pointe d'argile cuite (tany manga).
Les Betsileo les accueillent avec de meilleurs sentiments et ils
deviennent alliés à plaisanterie.
A chaque habitat des Vazimba
Les Vazimba se divisent eux-mêmes suivant leur habitat.
Les «Vazimba andrano», ceux qui savent nager, sont
les descendnats d'Olomà, dont on ignore les lieux de sépulture.
Les «Vazimba antety», ceux de la terre ferme, qui
sont les plus nombreux, résident dans la vallée
du Betsiriry. Les «Vazimba antsingy», ceux des Tsingy
du Bemaraha, plus connus sous le nom de Bôsy ou Beosy, vivaient
dans des grottes et mangeaient les produits de la forêt.
Les Vezo seraient également des Vazimba, restés
au bord de la mer. Et même les Betsileo et certains Merina
seraient des métis de Vazimba et d'Ambaniandro.
Les traditions rapportent que les Tompontany (maîtres
de la terre, natifs) de la région d'Ankavandra sont Ramboamana,
une femme, et Ramboabesofy, un homme. Le couple aurait eu deux
fils, Rangoromana et Zafihisoky, qui auraient amené les
premiers bœufs dans le pays. Les propriétaires de
bœufs avaient à leur service des bouviers, dont l'occupation
favorite aurait été la chasse aux sangliers, les
«tompo-dambo».
Les premiers ancêtres, dont les lieux de sépulture
sont connus, sont Ndrenavoavo, le premier à avoir descendu
le fleuve Manambolo en franchissant les gorges célèbres,
et sa sœur Pelamana. Ils sont enterrés à Tsirendresaka
dans la forêt proche de Tsiandro. Leur tombeau est vénéré
de tous les Vazimba du Betsiriry, mais on ne tue jamais de bœufs,
jadis ignorés de leurs ancêtres, pour leur rendre
hommage.
voir aussi les articles
Vazimba mythe ou
réalité?
Antehiroka
et Royauté Vazimba
Les
Bezanozano, une des premières souches des Vazimba
En Imerina, des vazimba aux Andriana
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